Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 153

Les États face à la crise des marchés financiers libéralisés

(de 11 à 30 ans) et à des taux plus bas (2 % jusqu'en 2014, 3 % entre 2015
et 2020 et 4,3 % au-delà). Au total, les pertes des investisseurs privés
furent de l'ordre de 75 % de la valeur de leurs créances. En conséquence,
le montant restant dû par la Grèce à ses créanciers privés étrangers est
devenu très faible. D'autre part, en février 2012, le pays reçut une nouvelle
aide financière des États européens de 130 Md€ en échange de la mise en
place des nouvelles réformes.
Mais, du fait des difficultés sociales nées de l'application des mesures de
restauration des finances publiques, à l'occasion des élections législatives
anticipées du 25 janvier 2015, une coalition de la gauche radicale, Syriza,
l'emporta sur la base d'un programme refusant la tutelle de la troïka.
Après des mois de négociations difficiles, la Grèce et ses partenaires de la
zone euro trouvèrent un accord, le 13 juillet 2015, sur l'octroi d'une
nouvelle aide internationale de 86 Md€, le gouvernement devant de son
côté entreprendre un ensemble de réformes, dont un programme de
privatisations, afin de parvenir à 50 Md€ de recettes à moyen terme, une
augmentation de la fiscalité, de la TVA notamment, et une réforme des
régimes de retraites.
Or, malgré l'application des trois programmes d'ajustement
macroéconomique, la dette publique grecque passa de 103 % à 179 % du
PIB entre 2007 et 2015. Ce taux est considéré comme excessif par le FMI
et, avec son soutien, le gouvernement grec chercha à obtenir une nouvelle
réduction de dette de ses créanciers, publics cette fois. Mais l'Allemagne
s'opposa à la démarche. Après une nouvelle crise et une interruption du
plan d'aide de 2015, un « accord global » sur la dette grecque entre le FMI,
les créanciers et le gouvernement grec, fut trouvé le 25 mai 2016. Il
comprenait deux mesures importantes : d'une part, en contrepartie de
nouvelles privatisations d'actifs à opérer progressivement dans les années
prochaines, de nouvelles tranches de prêts furent débloquées, dont l'une
permit à la Grèce de ne pas faire défaut, car elle devait rembourser à la
BCE plus de 3 Md€ en juillet 2016 ; d'autre part, un allègement de dette
jusqu'en 2018 fut accordé sous forme de rachats d'obligations de l'État
grec par le MES afin de lisser les taux d'intérêt, sachant que les États
européens se sont engagés à envisager en 2018 de nouvelles mesures de
restructuration de dette, à la condition que les réformes promises aient été
réalisées par la Grèce.

4. Le renforcement de la discipline budgétaire pour rassurer
les marchés financiers33
Afin de renforcer leur crédibilité vis-à-vis des marchés financiers,
l'ensemble des États de l'UE s'accordèrent pour s'imposer une discipline
budgétaire plus stricte, avec les « paquets de règlements » appelés, pour
33. Sur ces aspects cf. not. COLLET M., Finances publiques, 2016, LGDJ, et PELLET R. Droit
financier public 2, Finances publiques, Budgets, Contrôles financiers, 2018, PUF, Thémis.

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