Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 28

États et marchés financiers

officiel, appelé « Parquet » par métonymie6, le gouvernement impérial laissa
se constituer un marché officieux, illégal, celui de « la Coulisse »7. Cela
était alors sans grande conséquence car, sous le Premier Empire, l'activité
des deux marchés, tant le Parquet que la Coulisse, resta peu importante, les
valeurs cotées se réduisant à quelques rentes d'États français et
étrangers et aux actions de la Banque de France (cf. infra).
À titre de comparaison, on peut noter, avec Jennifer Nille et Bruno
Colmant, qu'« en Belgique, la Bourse de Bruxelles fut créée par un décret
de Napoléon en 1801, la même année que la naissance de la Bourse
de Milan. Celle de Francfort vit le jour en 1820 alors que celle de Berlin
existait déjà depuis 1739. La Bourse de Madrid arriva sur la scène en 1831
alors que les Bourses suisses n'apparurent qu'après 1850. La Bourse de
Tokyo fut lancée en 1878 et celle de Hong Kong en 1891 sous forme
d'association de courtiers. Aux États-Unis, à New York, le 17 mai 1792,
vingt-six courtiers s'associèrent sous un platane pour créer ce qui devint
quelques années plus tard, en 1817, le New York Stock Exchange8 »9.

2. Les aides financières de la Banque de France et des comptables
publics pour éviter le recours au marché
La Banque de France fut créée en 1800 et elle reçut d'emblée le soutien
financier de l'État10. Elle était censée servir d'abord le commerce en
favorisant le développement de l'escompte mais, dès 1803, elle dut
accepter, en contrepartie du privilège d'émission exclusif pour Paris, pour
une durée de 15 ans, de faire l'escompte des titres du Trésor public. La loi
du 22 avril 1806 réforma ensuite les statuts de la Banque de France afin que
l'État pût avoir officiellement recours aux avances de l'établissement. Ainsi,
la Banque de France devint rapidement « le véritable banquier de l'État »11.
Elle permit à l'Empire de ne pas faire appel au marché. D'autre part, afin
toujours d'éviter d'être dépendant des marchés financiers, l'Empereur
organisa, sur le modèle des officiers d'Ancien Régime, un réseau de
comptables du Trésor qui devaient garantir à l'État « un crédit à court

6. Il désignait l'emplacement où les agents de change procédaient à leurs transactions.
7. Le terme venait de la cloison coulissante qui, dans les locaux de la Bourse de Paris,
séparait le public des agents de change.
8. N.B. : Wall Street est le nom de la rue où est située la Bourse de New York (New York Stock
Exchange ou NYSE). Il désigne également la Bourse elle-même, ainsi que la communauté
financière de New York et, plus largement encore, la finance américaine au sens large
(note R.P.).
9. NILLE J. et COLMANT B., La Bourse, une machine infernale. Histoire de la Bourse du XVIIe au XXIe
siècle, 2014, Édition Renaissance du livre, p. 43 (nous modifions le temps des verbes, R. P).
10. Sous le prête-nom de la Caisse d'amortissement, l'État lui apporta une partie importante
de son capital.
11. PRUNAUX E., « Le rôle de la Banque de France dans l'édification de l'État napoléonien » in
FEIERTAG O. et MARGAIRAZ M. (dir.), Les banques centrales et l'État-nation, 2016, Presses
de SciencesPo, p. 99-133.

Table des matières de la publication Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re