Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 32

États et marchés financiers

rentables26 avant la Révolution de 1918 (cf. infra), la « mesure du risque » par
les banquiers n'ayant pas été faussée alors par la « propagande » financière
et politique27.
Les Français investirent également en Espagne et dans l'Empire
ottoman28. Ce dernier devint « un débouché important pour les financiers
ouest-européens, soit pour consolider les dettes à court terme grâce aux
emprunts de l'État ottoman ou de l'État égyptien, soit pour lever des fonds
destinés à l'équipement essentiel, par exemple en lignes ferroviaires ou en
ports »29. Mais, alors que l'Espagne et l'Italie étaient, entre 1820 et 1869, « la
destination de près de 75 % des exportations françaises de capital et
d'équipements », pour financer la dette publique, mais aussi les secteurs
de services publics dont les chemins de fer, les investissements se
réduisirent nettement « dès la fin du Second Empire »30, car les entreprises
françaises ne pouvaient plus rivaliser avec leurs concurrentes allemandes,
pour la production des locomotives et des matériels électriques et
électrotechniques.
Au total, tout au long du XIXe siècle, « environ la moitié des valeurs
étrangères négociées à la Bourse de Paris étaient des emprunts d'État,
un quart des actions et l'autre quart était constitué d'obligations
privées »31, ces dernières étant émises en grande partie par des
entreprises de chemin de fer qui étaient en fait semi-publiques...

* Les titres des sociétés de chemin de fer soutenues par les États
Comme au Royaume-Uni (cf. infra), les compagnies françaises de
chemins de fer, soutenues par l'État, devinrent, à partir de 1840 environ,
les principaux acteurs du marché boursier parisien : « Après de premières
émissions d'actions, elles empruntèrent par obligations des montants
considérables, à la fois individuellement (le capital des plus grandes
compagnies dépassant les 100 millions de francs, soit 1 % du PIB de 1840,
et elles s'endettèrent bien au-delà) et globalement (les émissions totalisant
de l'ordre de 10 % de l'investissement national, soit 1 % du PIB, chaque
26. Cf. GIRAULT R., Emprunts russes et investissements français en Russie (1887-1914), 1973,
Publications de la Sorbonne-Colin, réédition, 1995 : Publications du CHEFF.
27. BONIN H., « L'épargne française exposée aux risques russes dans les années 1900-1920 : la
réalité d'actifs tangibles et mobiles », Working Papers of GREThA, nº 2010-05, en ligne.
28. Les investissements dans l'empire ottoman représentaient près de 10 % des
investissements français à l'étranger. Cf. TOBIE J., Intérêts et impérialisme français dans
l'empire ottoman (1895-1914), 1977, Publications de la Sorbonne.
29. BONIN H., Histoire de la Société générale. T I, 1864-1890, naissance d'une banque, 2006, Droz,
p. 298.
30. BRODER A., « Les investissements étrangers en Espagne au XIXe siècle : causes et
mécanismes d'une dépendance. Un essai d'histoire économique à partir d'une
comparaison des systèmes bancaires », Transportes, Servicios y Telecomunicaciones,
Junio 2010, nº 18, p. 36-118.
31. ARBULU P. et VASLIN J.-M., « La place de Paris dans la finance internationale du 19e siècle »,
Revue d'économie financière, 2000, nº 57, p. 29-36.

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