Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 39

Le rôle des États dans le développement des marchés financiers au

XIX

siècle

selon laquelle « les dépôts à vue et les comptes courants doivent former une
catégorie à part, ayant, comme exacte contrepartie, l'encaisse et les autres
ressources immédiatement réalisables ». Autrement dit, puisque les
ressources des banques de dépôts étaient à court terme, leurs emplois
devaient l'être également.

3. L'État arbitre de la rivalité du Parquet et de la Coulisse
à la Bourse de Paris
À partir du milieu du XIXe siècle, la Coulisse joua un rôle important dans
le développement des marchés boursiers, en s'appuyant sur les valeurs
industrielles non cotées, car « les agents de change se déchargèrent
largement de la négociation des titres privés pour se concentrer sur celle
des titres publics. »57. Contrairement aux agents de change, les coulissiers,
qui étaient principalement des banquiers, avaient « le droit de placer des
titres, de faire des introductions en bourse, de délivrer des options et de
prodiguer des conseils à la clientèle » et ils étaient, alors, « en majorité des
étrangers, dont de nombreux juifs allemands » qui, « grâce à leurs alliances
avec l'étranger, [firent] de Paris une véritable place financière européenne
avant 1914 »58. Leurs commissions étaient moins onéreuses pour leurs
clients que celles du Parquet et ils prirent en charge les fonds d'État
étrangers, qui n'étaient pas cotés jusqu'en 1824, et les opérations à
terme, alors que celles-ci étaient interdites depuis 1724 et que la
prohibition avait été réaffirmée sous l'Empire (cf. supra). Ces opérations se
développèrent au point qu'elles apparurent en 1842 sur... la cote officielle
des agents de change !
Alors que, sur le marché officiel, toute introduction devait être
préalablement autorisée par le ministre des Finances, le marché à terme
permettait d'inscrire librement et de « tester » de nouveaux titres,
notamment étrangers. Mais ce marché était également particulièrement
important pour les pouvoirs publics car « aucun emprunt d'État n'était
possible sans marché à terme », comme le souligne M. Patrick Verley :
« du fait de l'étroitesse de la demande ferme de titres, dans une société
caractérisée par une considérable inégalité des fortunes et des revenus,
qui limitait le nombre d'acheteurs potentiels, et par une faible familiarité
avec le placement mobilier, le gouvernement ne pouvait songer à vendre
rapidement ses emprunts à ses souscripteurs »59. Les spéculateurs
prenaient cependant le risque que les débiteurs ne s'abritassent derrière la
jurisprudence de la Cour de cassation pour laquelle les opérations faites
57. ROMEY C., « L'organisation de la Bourse de Paris », in HAUTCOEUR P.-C., Le marché financier
français au XIXe siècle, op. cit. p. 61.
58. QUENNOUËLLE-CORRE L., « La Bourse sous l'Occupation : des réformes de longue portée » in
DARD O., JOLY H. et VERHEYDE P. (dir.), Les entreprises françaises, l'Occupation et le second
e
XX siècle, Centre de recherche lorrain d'histoire, 2011, Université de Metz, p. 221-235.
59. VERLEY P., « Les opérateurs du marché financier » in GALLAIS-HAMONNO G., Le marché
financier français au XIXe siècle. Vol. 2. Aspects quantitatifs des acteurs et des instruments à
la Bourse de Paris, 2007, Publications de la Sorbonne, p. 28.

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