Systèmes - La décision financière publique -1 - 34

La décision financière publique

provienne seulement des États notés avec un triple A. À défaut de
cette notation maximale, le FESF perdrait une partie de sa capacité
à due concurrence avec une conséquence visible : le FESF ne serait
pas noté lui-même triple A. Autrement dit, pour simplifier, pour
que le FESF soit noté triple A, il fallait qu’il ne soit garanti que par
des États notés triple A ! Pratiquement, cela a obligé le FESF à
prévoir une réserve de liquidités en précaution pour couvrir la
garantie des États mal notés, ce qui restreint la capacité de prêts du
FESF. Jusqu’à fin 2011, la majorité des États garantissant le FESF
étaient notés triple A. Cependant, le 14 janvier 2012, l’agence
Standard&Poor’s dégrade la note de la France et de l’Autriche,
tous deux notés triple A et intégrés au FESF. Cet abaissement de
note par l’agence de notation a eu pour conséquence d’abaisser
également la note du FESF. Cette dernière a été abaissée le
16 janvier 2012 de triple A à AA+ par la même agence de notation.
Le résultat de cette petite décision des agences a été de
restreindre la capacité effective du FESF de 440 milliards d’euros à
250, soit une décote de 56,8 %. On le voit très clairement, la décision politique des États souverains demeure encadrée par les
conditions financières fixées par les agences de notation.
Il existe trois grandes agences de notation qui sont Standard &
Poor’s, Fitch et Moody’s. La première agence, Standard & Poor’s,
a son capital détenu majoritairement par Mac Graw-Hill companies, célèbre éditeur américain. La deuxième, Fitch, appartient à
une société financière française (FIMALAC), créée par Marc
Ladreit de Lacharrière et dont 20 % du capital est détenu par le
groupe Hearst. La troisième agence, Moody’s, est la propriété du
milliardaire américain Warren Buffett. Il est clair que ces trois
agences ont une position dominante car elles absorbent 95 % du
marché. Pourtant, elles ne sont pas totalement indépendantes,
puisqu’elles sont détenues par des sociétés qu’elles notent. Par
ailleurs, les agences de notation sont rémunérées par les banques et
les sociétés notées, ce qui pose la délicate question de leur contrôle
par certains grands groupes. Ainsi, on sait pertinemment que les
agences de notation Standard & Poor’s et Moody’s ont attribué la
meilleure note à la société Enron quatre jours avant sa déclaration
de faillite. De la même façon, il n’est pas inutile de rappeler que la
veille de la chute de la banque Lehmann Brothers en
septembre 2008, les agences de notation lui avaient attribué la note
maximale. Autrement dit, les agences peuvent commettre des
erreurs lorsqu’elles attribuent des notes excessives et imméritées.
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