Contextes - Histoire des manuels de droit - 109

LeS uSAGeS De L'HiStoiRe et Du DRoit RomAin

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système méthodologique à valeur compréhensive, dans le droit fil d'une
conception « totalisante » de l'histoire telle que la pensait un Savigny, est
donc très loin d'être répandue.
Qu'en est-il alors des ouvrages d'introduction au droit consultés ? on
notera d'abord que l'expression « méthode historique » n'est pratiquement
jamais employée. Au-delà, même les partisans plus ou moins convaincus
de l'usage de l'histoire, en font très souvent une utilisation a minima. C'est
bien ici de l'histoire dont il s'agit et non du droit romain car pour ce dernier,
son sort est très rapidement scellé : il est beaucoup plus précocement marginalisé que l'histoire et il n'y a pratiquement plus de développements y
touchant54.
Précisons un peu ce constat pour ce qui est de l'histoire du droit. Dans
les deux premiers tiers du XIXe siècle, on peut encore trouver des mobilisations significatives de l'histoire. Ainsi le manuel de William Belime
de 1844 contient de nombreux exposés d'institutions juridiques envisagées
sous l'angle historique, le mariage par exemple55. Hors de nos frontières,
le belge Parfait namur consacre encore en 1875 toute une troisième partie
de son manuel à l'histoire du droit56. mais à mesure que l'on se rapproche
du XXe siècle avec la consécration disciplinaire dont il est porteur pour
l'histoire du droit, on constate que celle-ci semble être laissée désormais
aux spécialistes de la matière ou à tout le moins à être séparée d'autres
considérations introductives destinées aux étudiants. Le cas d'emmanuel
Lucien-Brun (1856-1942) l'illustre à merveille. Cet avocat, qui fut
sénateur et professeur à l'université catholique de Lyon, est l'auteur d'une
Introduction à l'étude du droit. Dans la préface, il indique que cet ouvrage
constitue la partie philosophique ou doctrinale d'un Cours d'introduction à
l'étude du droit, qui sera suivie dans un ouvrage séparé d'une introduction
historique57.
il y a là comme les prodromes de ce qui se produira à mesure que
le XXe siècle déroule ses décennies : le délaissement progressif mais patent
de l'histoire du droit dans les manuels d'introduction au droit. toutefois,
54. Au diapason d'ailleurs de sa place dans l'enseignement du droit. Après les réductions
dont il fut victime au tournant du XXe siècle, le droit romain se verra à nouveau sacrifié
par un décret du 27 mars 1954. Dans les années 1980, michel Villey pouvait alors écrire :
« dans les programmes des Facultés de Droit, le droit romain a été tout, et il n'est plus rien ».
Cf. « Sur une maladie de la section historique du droit », dans Religion, société et politique.
Mélanges en hommage de Jacques Ellul, Paris, PuF, 1983, p. 403.
55. Philosophie du droit..., op. cit. n. 39, p. 65. Pour d'autres exposés historiques dans le
corps même du manuel, cf. les pages 273 et 483.
56. Cours d'encyclopédie..., op. cit. n. 2, p. 193.
57. e. Lucien-Brun, Introduction à l'étude du droit, Paris, Librairie Victor Lecoffre,
2e éd., 1887, p. 1.
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