Contextes - Histoire des manuels de droit - 139

LeS mAnueLS D'intRoDuCtion Au DRoit

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il s'agit essentiellement de s'interroger sur la définition du droit, sa distinction
avec d'autres normes sociales (droit et morale, droit et religion), sur ses
« fondements » (ce qui permet une rapide présentation de la distinction du
jusnaturalisme et du positivisme), sur ses rapports avec les autres sciences
sociales (droit et sociologie, droit et économie, droit et histoire etc.), sur
les « méthodes » du droit et notamment les méthodes d'interprétation. tous
ces éléments, qui se rattachent clairement à une autre tradition que celle
de Capitant - celle des ouvrages initiatiques de théorie et de philosophie
du droit, déjà nombreux au XiXe siècle26 - ne donnent lieu à des développements consistants que de manière assez tardive. Après l'ouvrage de
Bonnecase en 192627, le tournant décisif semble être la publication en 1947
de l'ouvrage de Brèthe de la Gressaye et Laborde-Lacoste28, dont les auteurs
- l'un privatiste, l'autre publiciste - marquent, dans un substantiel avantpropos, le souci de s'éloigner du modèle civiliste de Capitant. il est du
reste significatif que ces ouvrages ne se présentent plus comme la première
partie d'une série de manuels ou d'un traité de droit civil, et abandonnent
dans leur intitulé même la référence au droit civil pour se présenter comme
des introductions « au droit » ou « à l'étude du droit ». Dans les ouvrages
modernes, ce type de développements généraux occupe, selon les cas,
une place éminemment variable, très difficile à mesurer du reste car les
auteurs mêlent souvent étroitement des développements de ce type avec
des descriptions du système juridique français.
D'autre part, toujours en restant sur le terrain du contenu, l'évolution est
marquée par la place de plus en plus importante que prennent les développements de droit positif consacrés aux sources du droit. Ces développements
ne sont certes pas absents des ouvrages de la fin du XiXe siècle - Capitant
et Planiol. il ne faut pas oublier en effet que c'est dans le titre préliminaire
du Code civil que se trouvent les linéaments de la « théorie des sources » :
l'entrée en vigueur de la loi, son application dans la loi et dans le temps, le
rôle du juge dans l'application de la loi. Ces éléments font donc pleinement
partie d'un programme d'enseignement consacré aux « notions générales du
droit civil ». mais, chez Capitant comme chez Planiol, ces questions - que
ce dernier dit, dans sa préface, « de peu d'utilité à l'examen »29, n'occupent
26. Voir par ex. : Ahrens, Cours de droit naturel ou de philosophie du droit, 1837 ; Bélime,
Philosophie du droit ou cours d'introduction à la science du droit (1844), Tissot, Introduction
historique et philosophique à l'étude du droit en général, Esquisse d'un cours de droit naturel,
Paris, marescq aîné, 1875.
27. J. Bonnecase, Introduction à l'étude du droit plus spécialement destinée aux étudiants
de 1re année de licence des Facultés de droit : le problème du droit devant la philosophie, la
science et la morale, Paris, Recueil Sirey, 1re ed. 1929.
28. Brèthe de la Gressaye et M. Laborde-Lacoste, Introduction générale à l'étude
du droit, précité.
29. Traité élémentaire de droit civil, op. cit., n. 15, p. Xiii.

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