Contextes - Histoire des manuels de droit - 204

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LA RÉCePtion De nouVeAuX CHAmPS Du DRoit

paraît-il encore proche ou d'actualité9, à l'inverse de celui de Cabantous ?
Plusieurs raisons peuvent l'expliquer, dont la plus évidente est peut-être le
destinataire privilégié du manuel, apparemment l'étudiant en droit, mais en
réalité le professeur ou le membre de la doctrine, ce qui inscrit ce manuel
dans le débat juridique et doctrinal. Certains traits significatifs de l'écriture
de Jèze, tels qu'on peut les retracer notamment à partir des préfaces aux
différentes éditions, sont reçus encore aujourd'hui avec l'évidence d'un
modèle.
Jèze marque un double refus catégorique de la rhétorique, au sens d'un
discours creux où la beauté de la forme l'emporterait sur le contenu, et
de la terminologie issue des textes législatifs ou des décisions juridiques,
au profit d'un vocabulaire défini comme scientifique et élaboré par le
professeur, qui lui permet d'organiser son propos. Cela entraîne un degré
élevé d'abstraction du discours, construit à partir des concepts dégagés par
le professeur lui-même. Jèze utilise ainsi un lexique technique propre, qu'il
définit longuement, notamment dans la partie sur la technique juridique du
droit français : le service public, la situation juridique (générale et impersonnelle ou individuelle), la fonction publique, etc. La conséquence est
de distinguer le discours du manuel, avec ses exigences scientifiques, son
caractère de discours savant, de l'énoncé juridique lui-même : la règle de
droit qui s'applique ne se confond pas avec le travail savant sur le droit.
de la deuxième édition (à l'actualisation près des références) se retrouvent pratiquement
à l'identique dans la troisième édition. Celle-ci s'organise en deux blocs de trois volumes
chacun. Les trois premiers sont publiés en ordre dispersé entre 1925 et 1930 chez Giard
(1er volume : La technique juridique du droit public français, Paris, Giard, 1925 ; 2e volume :
La notion de service public, les individus au service public, le statut des agents publics,
Paris, Giard, 1930 ; 3e volume : Le fonctionnement des services publics. Situation des agents
publics et des individus vis-à-vis des services publics. Théories générales sur la collaboration
des particuliers au fonctionnement des services publics. Les contrats administratifs, Paris,
Giard, 1926) et reprennent la structure de l'édition de 1914 en l'amplifiant. Les trois derniers
volumes, ajoutés après plusieurs années, forment un ensemble lui-même autonome constituant une vaste théorie générale des contrats de l'administration, qui empiète en partie sur le
troisième volume paru en 1926 mais permet à Jèze d'intégrer les développements de sa série
de cours sur les contrats administratifs faits au début des années 1930 ; ces trois volumes
adoptent une pagination continue (4e volume : Théorie générale des contrats de l'administration. Première partie : formation ; exécution des contrats, Giard, 1934, correspondant au
cours de 1933-1934 ; 5e volume : Théorie générale des contrats de l'administration. Deuxième
partie : rémunération du contractant ; rémunération du concessionnaire de service public
[taxes ; subvention ; garantie d'intérêt, etc.] ; prix dans les marchés de travaux publics et de
fournitures, LGDJ, 1936, correspondant aux deuxième et troisième chapitres du cours de
1932-1933 ; 6e volume : Théorie générale des contrats de l'administration. Troisième partie :
sanctions des obligations contractuelles [concession ; travaux publics ; fournitures] ; fin des
contrats administratifs ; expiation de la concession de service public ; rachat de la concession,
LGDJ, 1936, correspondant aux cours de 1934-1935 et 1935-1936).
9. Les premiers volumes de la troisième édition ont ainsi récemment été réimprimés
(Paris, Dalloz, 2003-2011).
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