Contextes - Histoire des manuels de droit - 221

DeS PRemieRS ouVRAGeS SCientiFiQueS

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de l'ensemble descriptif et exhaustif des auteurs de la doctrine publiciste
de 1800 à 1880 exposés en tableau(x) mais en cherchant à comprendre
pourquoi et comment - passant des traités exhaustifs et volumineux aux
manuels synthétiques - on a oublié - sciemment selon nous - ces premiers
auteurs de la patristique administrative, c'est-à-dire les pères du droit
administratif.
Traité versus manuel ? Quels sont donc les hypothèses et parfois présupposés en notre matière ? À en croire la doctrine majoritaire contemporaine,
nous passerions chronologiquement (entre 1800 et 1870) de longs, lourds
et volumineux traités très descriptifs et ayant la volonté d'être exhaustifs
à (après 1870-1880) une doctrine plus sûre, plus théorisée et plus conceptualisée (bien qu'étant de plus en plus paradoxalement empirique) : bref,
du traité au manuel. mais cette seule hypothèse du traité lourd et descriptif
opposé au manuel limpide et clairvoyant est évidemment biaisée et ce,
pour trois raisons : d'abord, il y a eu de très bons traités avec des propositions doctrinales et pas uniquement des descriptions6. on songe par
exemple à macarel, à Serrigny ainsi qu'à Foucart. nous ne pensons donc
pas qu'il faille - comme on croit le percevoir même dans l'argumentaire du
présent colloque - considérer tous les traités comme fondamentalement
a-pédagogiques, exégétiques, inutiles et essentiellement parus avant 1870.
« Ce n'est qu'à la fin du XiXe siècle » lit-on ainsi dans la présentation de
notre rencontre « dans le prolongement de l'arrêté du 24 juillet 1895 qui
autorise les professeurs à s'émanciper du Code civil, que les professeurs de
droit rédigent les premiers manuels ». il ne faut en outre pas minorer les
fonctions distinctes des traités (destinés de façon exhaustive aux praticiens)
et des manuels (à vocation résumée et destinée aux étudiants).
ensuite, il y a eu, y compris dans la période 1800-1880, non seulement
déjà des manuels en droit public mais encore parfois de très mauvais
manuels : de purs résumés sans réelle portée doctrinale (des mémentos
d'étudiants et de répétiteurs). on songe en ce sens aux écrits de Chantagrel,
de Bœuf ou encore de Gougeon.
enfin, si l'on comprend l'utilité scientifique qu'il y aurait à opposer un
traité descriptif et dit exégétique (sans apport théorique ou construction
doctrinale) à une tentative systémique et pédagogique que proposerait un
manuel, force est de constater, encore aujourd'hui, que certaines expositions
« de type traités » peuvent contenir des propositions doctrinales (on songe
ainsi et notamment aux deux éditions en droit public chez Dalloz du traité
de droit administratif ainsi que du traité international de droit constitutionnel). De même, existe-t-il encore - on le sait puisqu'on les reçoit parfois
comme spécimen - de mauvais voire très mauvais manuels qui ne sont que
6. nous nous permettons en ce sens de renvoyer à mes Eléments de patristique... préc.
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