Précis Domat - Droit des personnes - 2e - 66

DROIT DES PERSONNES
contemporain d'œuvres de science-fiction très célèbres, telles celles d'Asimov3
a pensé en particulier la question de la relation entre les robots et les humains4
qui
,
symbolisée depuis par la fameuse partie d'échecs, en 1996, entre le champion du
monde Gary Kasparov et l'ordinateur d'IBM Deep Blue. Aujourd'hui, la confrontation
se loge même au cœur de la personne physique puisqu'un courant appelé
« transhumanisme », dont les contours restent très difficiles à cerner, s'est donné
pour objectif d'affranchir l'homme des limites de sa condition corporelle grâce à
la convergence des technologies de pointe que sont les nanotechnologies, les biotechnologies,
les sciences de l'information (informatique et robotique) et les sciences
cognitives. Ainsi, selon les transhumains les plus radicaux, on pourrait espérer
un jour transférer le contenu d'un cerveau humain sur un ordinateur pour atteindre
àl'immortalité5
. Nous n'en sommes pas là6
et, pour l'heure, notre monde n'est pas
encore peuplé d'humains robotisés mais déjà de robots humanisés à propos desquels
la réflexion se formule souvent en termes de confrontation. Drôle de paradoxe
si l'on songe que c'est l'homme qui met au point ces machines pour l'aider :
pourquoi donc d'emblée envisager hommes et machines sur le mode de la rivalité ?
C'est en réalité logique car les machines étant conçues pour être aussi performantes
que les hommes, on peut craindre que l'élève n'atteigne, voire ne dépasse, le maître,
le mettant ainsi en danger de différentes manières, notamment en lui causant
des dommages physiques ou moraux ou, plus généralement, en rendant les
■ 3. Quelques œuvres de science-fiction sur l'intelligence artificielle : Romans et nouvelles d'Isaac Asimov
publiés à partir des années 1950 ; Puces de Theodore Roszak (1981) ; La cité des permutants de Greg
Egan (1994) ; Le chant des IA au fond des réseaux de Jean-Marc Ligny (1999) ; 2001, L'Odyssée de l'espace,
film de Stanley Kubrick (1968) ; Star Wars de Georges Lucas (1977) ; Terminator de James Cameron
(1984) ; Matrix de Larry Wachowski (1998) ; A.I., Intelligence artificielle de Steven Spielberg (2001).
Voir J.-C. HEUDIN, Robot erectus. Une anthologie des nouvellesfantastiques à l'aube des robots, Science ebook,
2012 ; Les trois lois de la robotique. Faut-il avoir peur des robots ? Science e-book, 2013. Le site de
la CNIL propose d'autres références littéraires et cinématographiques : https://www.cnil.fr/fr/intelligenceartificielle/quelques-ressources-utiles-et-accessibles-tous-pour-comprendre-lintelligence-artificielle-ia
■
4. Voir les trois lois d'Asimov : un robot ne peut blesser un être humain, ni, par son inaction, permettre
qu'un être humain soit blessé ; un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels
ordres sont en contradiction avec la première loi ; un robot doit protéger sa propre existence aussi longtemps
qu'une telle protection n'est pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi (Manuel de
la robotique,58e
édition (2058 ap. J.-C.), in I. ASIMOV, Les Robots, OPTA, coll. Club du livre de l'anticipation,
1967 pour la version française ; I, Robots, Gnome Press, New York, 1950 pour la version originale).
■
5. Voir M.-A. HERMITTE, « De la question de la race à celle de l'espèce. Analyse juridique du transhumanisme
», in G. CANSELIER et S. DESMOULIN (dir.), Les catégories ethno-raciales à l'ère des biotechnologies.
Droit, sciences et médecine face à la diversité humaine, Paris, Société de législation comparée, vol.
24, 2011, p. 155 et s. ; M. BOUTEILLE-BRIGANT (dir.), La personne face à l'intelligence artificielle, Institut
francophone pour la justice et la démocratie, 2021 ; dossier « L'humain en transformation. Entre transhumanisme
et humanité », in B. BOYER-BÉVIÈRE et I. MOINE -DUPUIS (dir.), Cahiers Droit, Sciences & Technologies,
2020/11.
Voir le rapport réalisé en 2002 sur cette « convergence NBIC », pour le compte de la National Science
Foundation et effectué sous la direction du sociologue et militant transhumaniste William S. BAINBRIDGE,
qui portait un titre explicite : Converging Technologiesfor Improving Human Performances (Technologies
convergentes pour l'amélioration des performances humaines) ; pour des points de vue critiques, voir
J.-M. BESNIER, Demain, les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ?, Hachette, collection
« Haute Tension », 2009 ; M. ROBITAILLE, « Le transhumanisme comme idéologie technoprophétique »,
Futuribles, nº 370, janvier 2011, p. 57 et s.
■ 6. Voir M. CORTEEL, « Pourquoi les IA ne pensent-elles pas ? », AOC 4janv. 2023.
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https://www.cnil.fr/fr/intelligence

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