Contratetpouvoir Inversement, le contrat peut-il être le simple réceptacle de la commune intention des parties, souvent insondable si ce n'est par une quête aléatoire de la psychologie des contractants ? Le concept de volonté est suffisamment riche pour autoriser une conception volontariste du contrat qui ne soit pas la simple traduction de la théorie de l'autonomie de la volonté. Elle fait du contrat un instrument de prévision, autrement dit un mode de protection des attentes des parties. Sollicitées en droit anglais et américain pour renouveler la conception volontariste du contrat, les attentes participent du nécessaire renouvellement des réflexions sur la volonté contractuelle, souvent enfermées dans une opposition trop systématique entre volonté interne et volonté déclarée. Or, les attentes se situent à mi-chemin entre l'une et l'autre de ces acceptions traditionnelles de la volonté. Elles ne sont pas déduites du for interne du contractant (on ne repère pas les attentes par l'analyse subjective de la volonté du contractant) mais ne découlent pas nécessairement d'une déclaration de volonté (il n'est pas besoin de déclarer ce qui est de la nature d'un contrat pour que cela constitue pour les parties au contrat une attente). Elles nous épargnent aussi tant l'insécurité juridique inhérente à la prise en compte de la volonté interne que le décalage parfois béant entre la volonté déclarée - par maladresse, impulsion ou erreur de langage - et la volonté réelle du contractant. Bien qu'il s'en approche, le concept d'attentes est à distinguer de celui d'apparence. Une apparence trompeuse ne 132