Hors collection - Quel pilotage des réformes en finances publiques au Maroc et en France ? - 229

MOHAMED BERRADA

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retour à une soutenabilité budgétaire de toutes les composantes des finances
publiques.
Ceci s'ajoute au fait que les sous-secteurs financiers publics n'obéissent
pas aux mêmes déterminants qui demeurent complètement hétérogènes,
rendant ainsi difficile une vision d'ensemble. Or cette vision d'ensemble est
essentielle pour « comprendre, savoir, prévoir et prendre une décision ».
Les analyses parcellaires et fragmentées ne sont pas suffisantes. Elles
peuvent conduire à des situations difficiles et contradictoires, si elles ne
s'inscrivent pas, ou si elles ne sont pas complétées par une analyse globale,
à travers laquelle on met en évidence les liens et les interdépendances entre
les parties. Le phénomène de globalisation qui caractérise le monde actuel
accentue les interdépendances. À cet effet, il devient plus complexe, pour
reprendre l'expression d'Edgar Morin. C'est surtout sur les liens, plus que
sur les parties, que le projecteur de l'analyse doit être orienté !
Ainsi par exemple, l'État se trouve confronté à différentes contraintes
qui interagissent les unes avec les autres : d'un côté, le budget de l'État avec
une augmentation continue de la masse salariale, des charges de la dette avec
le risque de la montée des taux d'intérêt, des transferts toujours en hausse,
tout cela conduisant à une aggravation des déséquilibres budgétaires, d'un
autre côté, des collectivités territoriales disposant de larges disponibilités,
des entreprise publiques dégageant des profits, et enfin des finances sociales
dans un état latent de déséquilibre. Entre ces différentes composantes du
secteur public, il y a forcément des relations, des transferts croisés, donnant
l'impression que les relations fonctionnelles et financières sont équilibrées,
mais on oublie que c'est le budget de l'État qui est toujours mis à contribution, à la fin, comblant les déficits des uns, et creusant de ce fait son
propre déficit. Nous ne sommes pas encore dans la situation des États-Unis
ou de l'Europe où l'État est venu à la rescousse des banques privées pour
combler leurs déficits avec de l'argent des contribuables. Aujourd'hui dans
notre pays, plusieurs institutions s'endettent sur les marchés financiers sans
la garantie de l'État. C'est un grand progrès par rapport aux pratiques du
passé. C'est le cas du FEC dont on a parlé tout à l'heure. Mais si un jour,
il est en défaut de paiement, l'État sera là. D'une manière ou d'une autre,
l'État avec son budget reste au centre d'une multitude de mouvements
réels ou latents.
C'est pourquoi une vision globale s'impose, et donc une normalisation
et une consolidation en profondeur des relations financières entre les
différentes entités du secteur public. La normalisation permet en plus des
comparaisons dans le temps et dans l'espace. Cela veut dire que le débat
ne doit pas être focalisé sur les seules finances de l'État, et au niveau du
seul budget de l'État, et en particulier sur sa seule dimension des recettes,

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