Les Mélanges - Mélanges - Mélanges en l'honneur du professeur Henri Oberdorff - 313

JEAN-CHARLES FROMENT

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fonction de la capacité de négociation et l'expérience des acteurs pénitentiaires et
de l'identité de leurs interlocuteurs ouvrant des cadres d'actions pour les personnels pénitentiaires d'ouverture plus ou moins forte ; en fonction des sensibilités
locales aux problématiques de l'exécution des peines (offres de TIG, soutien territorial ou non aux aménagements de peine, dispositifs de formation à la citoyenneté, approches de la gestion de sortants de prison, etc.) ; en fonction des publics
d'un même territoire, car les collectivités peuvent développer des stratégies diversifiées de financement de leurs dispositifs selon que les publics éligibles sont ou
non des habitants-électeurs de leurs circonscriptions, etc. Si cette diversité des
politiques pénitentiaires en fonction des territoires a toujours été une réalité
- quand bien même elle a souvent été niée -, et un facteur constitutif de l'inégalité des conditions de détention d'un territoire à l'autre, elle ne peut qu'être exacerbée désormais, contribuant à la structuration d'une « offre publique pénitentiaire locale » variée dépassant le seul paramètre des opportunités territoriales plus
ou moins favorables offertes aux personnes placées sous main de justice.
- Ensuite, une intégration renforcée des services pénitentiaires dans le tissu
institutionnel et associatif local. Les acteurs pénitentiaires prennent désormais de
plus en plus place au sein de l'espace territorial de délibération des politiques
publiques. Il en résulte une profonde transformation des conditions mêmes
d'exercice des métiers pénitentiaires dont la reconnaissance et la légitimité sociales
ne peuvent être que renforcées. Leur attractivité aussi augmente dans un tel
contexte qui amène notamment les cadres de ces services à prendre place dans un
système politico-administratif local dont ils peuvent aussi devenir des partenaires
influents dans la définition des politiques judiciaire et de sécurité. A contrario
l'aspiration de ces acteurs par l'orientation de ces mêmes politiques territoriales
peut se traduire par une perte d'autonomie et une banalisation sociale de leurs
actions. Ce risque se renforce encore quand ces mêmes services doivent affronter
ces nouvelles responsabilités dans un contexte de pénurie de moyens et de souseffectifs chroniques. La dépendance par rapport à un environnement institutionnel, économique et politique local ne peut en effet dans ce cas que devenir plus
forte encore.
- De là se dessinent potentiellement pour les acteurs pénitentiaires des rapports paradoxaux avec les autorités locales  pouvant aller du partenariat (bi ou
plurilatéral) avec les échanges d'informations/dépendances/négociations qui en
résultent jusqu'au contrôle/défiance, par exemple via le Conseil d'évaluation ou
leur mise en cause en cas d'infractions commises sur un territoire par un récent
sortant de prison ou un probationnaire. Ce qui se traduit nécessairement par une
complexification accrue des relations des services pénitentiaires à leur environnement, laquelle renouvelle les lectures jusqu'à présent produites sur la question et
notamment celles issues du travail mené par Philippe Combessie. Ce dernier dans
son ouvrage Prisons des villes et des campagnes9 avait étudié l'interface entre les
institutions pénitentiaires et leur « écosystème social environnant ». Cherchant à
mettre en évidence « les rapports sociaux qui se trouvent marqués par la présence
9. P. Combessie, Ibid.
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