Contextes - Les blogs juridiques et les enjeux d'une dématérialisation de la doctrine - 135

NOMÔDOS

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III - CHAMP DISCIPLINAIRE
À l'égard du champ disciplinaire, Nomôdos se définit autour de la
notion de Culture juridique20, qui s'entend en l'espèce comme l'ensemble
des savoirs, croyances et pratiques constituant historiquement les sciences
juridiques et les phénomènes du droit et des institutions dans une société.
Cette acception implique d'inclure d'une part l'histoire du droit, des
institutions et des idées politiques et juridiques (pensée juridique), qui
forment le territoire traditionnel de l'histoire du droit (le champ classique
de l'actuelle section 03 du Conseil national des universités) depuis la fin
du xixe siècle21 ; mais d'autre part, il convient d'y joindre la philosophie, la
théorie, l'anthropologie, la sociologie, l'économie du droit et l'économie
politique22 - toutes disciplines dont, bien entendu, les historiens du droit
ne sauraient revendiquer l'exclusivité par ailleurs. Ces spécialités contribuent en effet de manière essentielle à façonner le droit et les institutions
et à en construire l'histoire. Philosophie et théorie en élaborent l'architecture systémique idéale et la critique afférente, tandis qu'anthropologie,
sociologie et économie permettent d'en approcher la réalité sociale. Cette
détermination du champ complète une approche interne d'une approche
externe et conduit à examiner droit et institutions comme sujets et objets
conjointement, et à leur restituer leur dimension socio-culturelle - et
politique - fondamentale : le droit est autant le produit d'une société, qui
se donne des règles juridiques, les applique, les réforme et les abroge, qu'il
est l'instrument de la mise en œuvre des décisions politiques. Ceci amène
donc à faire une place aux regards portés par les autres disciplines (histoire,
au premier chef, sociologie, philosophie, anthropologie), lorsqu'elles se
saisissent d'un objet juridique et le passent au crible de leurs propres
méthodes et interrogations. Enfin, il ne faut pas se priver des apports de
la littérature et de l'histoire de l'art, lorsqu'elles examinent les représentations sociales, politiques et juridiques, lorsqu'elles illustrent le droit et
les sens qui s'y attachent ou le symbolisent. Toute autre contribution est
naturellement bienvenue a priori, et il appartient ensuite aux chercheuses
et chercheurs d'en faire leur profit.
20. Cf. sur ce point les deux références suivantes : D. Alland et St. Rials (dir.),
Dictionnaire de la culture juridique, Paris, PUF, 2003 ; J.-L. Halpérin et Fr. Audren,
La culture juridique française. Entre mythes et réalités. XIXe-XXe siècles, Paris, Éd. du
CNRS, 2013.
21. Cf. notamment : J.-L. Halpérin, « L'histoire du droit constituée en discipline : consécration ou repli identitaire ? », Revue d'histoire des Sciences Humaines, 2001, n° 4, p. 9-32.
22. Ce sont aussi les champs inclus par l'Institut Michel Villey (Université Paris 2), la
revue Droits ou encore par le pôle Histoire, philosophie et sociologie du droit (fondé par
M. P. Morvan), du site Nonfiction.fr. Le quotidien des livres et des idées (http://www.
nonfiction.fr/home.htm).
http://www
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