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LE POINT DE VUE D'UN ÉDITEUR

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milliers juristes (dans un sens très large) blogueraient ou microblogeraient.
Dans ce contexte, tout indicateur apportant un éclairage sur les évolutions plausibles de l'édition juridique, le web 2.0 ou les blogs juridiques,
va constituer une aide précieuse pour cerner les contours d'une offre de
contenus répondant au mieux aux attentes des internautes. On peut ainsi
se placer dans le contexte de la presse auquel il appartient, à savoir celui
de la presse qui offre des données et des expériences proches de ce que
l'on trouve dans le secteur de l'édition juridique et peut être envisagé à de
nombreux égards comme un laboratoire. Xavier Romatet, vice-président
du SEPM et PDG de Condé Nast France a ainsi pu estimer qu'en 2020
la marge de son groupe proviendra pour 1/3 du digital, 1/3 de la presse
traditionnelle et 1/3 du hors média3. Il souligne en même temps que la
répartition de la marge ne suit pas celle du chiffre d'affaires par activité : la
réalisation du chiffre d'affaires doit être pilotée avec celle du taux de marge.
La marge est essentielle pour le développement d'une entreprise et dans
l'économie digitale, le moyen par excellence d'y parvenir est l'innovation.
L'innovation n'est plus seulement une activité de recherche et développement. Elle est devenue une valeur dans notre société : une mesure du
potentiel créatif, de la capacité à s'affranchir des cadres et références
existants, à prendre des initiatives, mener à bien des projets et imaginer des
réponses à des besoins non exprimés ou inexistants. L'esprit d'innovation
est une dimension du management et de la stratégie pour une entreprise,
même si cela peut représenter une difficulté4. L'entreprise innovante réduit
les contraintes concurrentielles et, seule sur le marché qu'elle crée, elle
peut se concentrer sur la conception et l'adaptation aux besoins des clients
qu'elle veut adresser. Les nouveaux marchés qui se créent ainsi illustrent le
concept de « destruction créatrice » de Schumpeter : l'économie de l'information basée sur le papier est attaquée par la nouvelle économie du savoir
digital qui cherche à s'y substituer en la détruisant.
La presse doit poursuivre ses engagements dans la diversification
technologique pour valoriser ses contenus et ses auteurs au service de ses
clients. Mais se réinventer ne signifie pas nécessairement se renier, et il
n'est sans doute pas nécessaire que l'un ne disparaisse pour que l'autre
se développe. L'attachement de nombre de juristes au support papier est
là pour le démontrer. Mais le nombre de blogs juridiques (passés d'une
centaine en 2006 à plus de 2 000 en 20145) et l'importance du service public
3. « Presse magazine : survivre à quel prix ? », Les Décodeurs de l'éco, BFM Business,
3 septembre 2014.
4. Vers les sociétés du savoir, Rapport mondial de l'UNESCO, Éditions UNESCO,
2005.
5. D. Houtcieff, F. Rolin, « Blogs juridiques contre Édition juridique traditionnelle :
concurrence ou complémentarité ? », Recueil Dalloz 2006 p. 596. Estimation 2014 réalisée
par l'auteur (NDLR)

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