Contextes - Le travail dans son droit - 158

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LE TRAVAIL DANS SoN DRoIT

Auroux, ce qui fait d'elle une des principales rédactrices des lois Auroux.
Elle devient ensuite directrice du travail, poste qu'elle garde en partie lors
du gouvernement Chirac - Philippe Séguin étant ministre du Travail. Elle
est ensuite nommée au Conseil d'État avant de devenir directrice adjointe du
groupe Péchiney. En 1991, elle devient ministre du Travail dans le gouvernement d'Édith Cresson puis dans celui de Pierre Bérégovoy. Elle porte la « loi
Aubry », qui est, comme nous l'avons vu, l'une des premières lois à encadrer
les plans sociaux. En 1995, elle crée la Fondation Agir contre l'exclusion
(FACE) avec treize groupes industriels, ayant pour but de financer des
initiatives locales de lutte contre l'exclusion. Élue Première adjointe du
maire de Lille Pierre Mauroy en 1995, elle est à nouveau nommée ministre
du Travail et de la Solidarité par Lionel Jospin devenu Premier ministre
en 1997. Elle est à l'origine des emplois-jeunes, de la loi de 1998 contre les
exclusions (qui crée la Couverture médicale universelle) et des deux lois sur
la RTT. Elle démissionne en 2000 pour devenir maire de Lille.

De nombreuses recherches de sociologie du travail, de sociologie des
relations professionnelles ou de sociologie du droit ont analysé les effets de
la RTT sur les salariés et ont mis l'accent sur les grandes inégalités dans son
application36. En premier lieu, les accords ont surtout été profitables aux
salariés dont les entreprises possédaient déjà une représentation syndicale.
D'autre part, la RTT a permis d'annualiser le travail d'un certain nombre
de salariés, en particulier des cadres, dont le temps de travail est désormais
mesuré en « forfaits-jour ». Au total, au moins pour ces salariés, la RTT
a été synonyme d'intensification du travail, et parfois de remise en cause
des « normes temporelles du travail »37 de ces salariés et de l'articulation
de ces normes avec celles du reste de leur vie sociale. on observe une fois
encore combien l'étude des normes juridiques est de peu d'utilité si elle ne
s'accompagne d'une étude des usages qui en sont faits, des détournements
qu'elles rendent paradoxalement possibles et des pratiques contradictoires
et souvent hétérodoxes dont elles sont l'objet. C'est dire si l'analyse des
droits, des passe-droits et des « passes du droit » a pour corollaire l'analyse
des pratiques concrètes, en sorte qu'on ne peut que relier sociologie du
droit et de la justice d'un côté, sociologie du travail, de l'emploi et des
relations professionnelles de l'autre.
Concernant les autres conditions de travail, et en particulier les rapports
des salariés aux risques quels qu'ils soient (pour la santé physique comme
36. J. Pélisse, « À la recherche du temps gagné : les 35 heures entre perceptions, régulations
et intégrations professionnelles », Travail et emploi, 2002, no 90, p. 7-21.
37. J. Thoemmes, « La fabrique des normes temporelles du travail », La nouvelle revue
du travail, 2012, 1.

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