Grands Colloques - Droit et surnaturel - 106

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DROIT ET SURNATUREL

évidemment été retenu47. En aucun cas les sorciers ou sorcières ne peuvent
échapper à l'application de la loi lorsqu'ils commettent des infractions.
Si la jurisprudence majoritaire place donc sur le même plan les « grandes
religions » et les croyances fondées sur l'existence de pouvoir magiques, les
choses sont en réalité plus complexes. La sorcellerie peine à être banalisée,
malgré les efforts des juges. Salem et ses chasses aux sorcières ne sont
peut-être pas si loin que cela dans l'esprit de nombreux Américains.

B. La réalité : des résistances à l'assimilation
D'après plusieurs associations américaines de défense de la liberté
de culte, de nombreux pratiquants de religions basées sur la sorcellerie
s'estiment régulièrement discriminés et victimes d'abus. S'il y a peut-être
une part d'exagération dans ces allégations48, on constate toutefois, à travers
le contentieux, qu'il y a sans doute un fond de vérité. Malgré les prises de
position de la jurisprudence majoritaire, il y a une évidence qu'il ne faut pas
occulter. Il existe des États beaucoup plus religieux que d'autres, des États
beaucoup plus tolérants que d'autres. Dans les États ruraux et religieux, la
liberté de pratiquer la sorcellerie est plus facilement entravée que dans les
grandes villes d'États plus urbanisés. L'accusation de sorcellerie est encore
souvent portée devant les tribunaux dans certains États, ce qui montre bien
que l'idée selon laquelle il s'agit là d'une religion à part entière est loin d'être
unanimement partagée. Par exemple, dans une affaire Mozert, des parents
d'élèves avaient porté plainte contre une école publique du Tennessee et l'un
de ses professeurs qui cherchait à enseigner qu'il existait d'autres religions
à côté de la religion chrétienne49. Les parents invoquaient une violation de
leurs droits à contrôler l'éducation religieuse de leurs enfants. La plainte a
été rejetée, mais son contenu était édifiant : il y est question de satanisme,
d'idolâtrie et de... sorcellerie.
On est donc assez peu surpris de constater l'existence de plusieurs
affaires dont les faits sont assez similaires à ceux de l'arrêt Dettmer et dans
lesquelles des détenus se voient interdire la possibilité d'utiliser en prison
des objets pour pratiquer le culte vaudou ou la Wicca50. Dans l'une de ces
47. Wallis v. Spencer, 202 F.3d 1126 C.A. 9 Cal. (2000).
48. Pour de telles allégations, v. Swank v. Tanner, non publié in F.Supp.2d, 2012 WL
3815635, E.D. La. (2012).
49. Mozert et al. v. Hawkins County Public School, 579 F. Supp. 1051, 16 Ed. Law Rep. 473
(1984) ; plus récemment, mais sur le même sujet : Altman v. Bedford Cent. School Dist.,
245 F.3d 49, C.A.2 N.Y. (2001).
50. V. par ex. : Palermo v. Wright, non publié in F.Supp.2d, 2008 WL 2937417, D.N.H.
(2008) ; Shatner v. Page, non publié in F.Supp.2d, 2009 WL 260788 S.D. Ill. (2009) ;
McGovern v. Ferriter, 2013 WL 5774719, D. Mont. (2013). La question a également été
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