Hors collection - Qu'est-ce qu'une discipline juridique ? - 320

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LA PRoCÉDuRe CoMMe DISCIPLINe

au droit92. Il serait pour autant présomptueux de prétendre que la théorie
générale du procès est devenue une discipline. Si cela était, ce n'est pas,
en tout cas, une discipline strictement juridique. Comme l'a écrit Éric
Savaux à propos de la théorie générale du contrat, « une théorie générale
apparaît (...) comme une recherche d'essence, sous l'accident, d'unité sous
la diversité des règles. Il s'agit d'établir une cohérence, des régularités que
la simple réalité brute ne livre pas. Elle est une pensée relative au Droit,
non dans le Droit93.
La pluridisciplinarité est au cœur de la théorie générale du procès qui
est donc une méthode autant qu'une matière, ce qui lui confère une visée
scientifique aussi bien que pédagogique. Deux exemples récents peuvent
en être donnés94.
Le premier intéresse les relations des sciences de gestion et du droit
qui sont au cœur des réflexions contemporaines sur l'administration de la
justice95 et - l'expression est éloquente - le management judiciaire96. La
réflexion touche même l'épicentre de la théorie générale du procès comme
en témoigne une étude de Gaëlle Deharo intitulée « Law et management :
l'influence des sciences de gestion sur la juris dictio »97. Cette réflexion
théorique, qui a aussi d'autres objets que le champ procédural, comporte
un volet pédagogique dont témoigne le colloque organisé en 2013 lors des
92. Ainsi qu'en témoigne, depuis si longtemps, l'équité : V. L. Cadiet, J. Normand,
S. Amrani-Mekki, Théorie générale du procès, préc., n° 21-24.
93. e. Savaux, La théorie générale du contrat : mythe ou réalité ? LGDJ, 1997, no XIII.
V. aussi S. Pimont, « Peut-on réduire le droit en Théories générales ? exemples en droit du
contrat », RTD civ. 2009, p. 417 et s.
94. Parmi d'autres. De nouveaux territoires s'ouvrent ainsi à une approche de théorie
générale du procès avec, par exemple, la question de la juri-traductologie appliquée au
procès, qui articule linguistique et droit processuel (v. Langues et procès, M. Cornu et M.-e.
Laporte-Legeais (dir.) Presses universitaires juridiques de Poitiers) ou celle des conflits
d'intérêts appliquée aux modes de résolution des conflits, qui combine droit processuel et
éthique (v. L. Cadiet, « Les conflits d'intérêts et les professions de justice - Approche de
doit processuel », in Mélanges Francis Kernaleguen, p. 165-190).
95. L. Cadiet (dir.), Pour une administration au service de la justice, Rapport de la commission « Gouvernance de la justice », Club des juristes, mars 2012. - L. Cadiet, J.-P. Jean,
H. Pauliat (dir.), Mieux administrer pour mieux juger. Essai sur l'essor et les enjeux contemporains de l'administration de la justice, Paris, IRJS Éditions, 2014, 225 p. - B. Frydman et
e. Jeuland (dir.), Le nouveau management de la justice et l'indépendance des juges, Paris,
Dalloz, 2011.
96. Qui ne concerne pas que la justice civile, ni la seule justice judiciaire : voir not. e. Costa,
« Des chiffres sans les lettres - La dérive managériale de la juridiction administrative »,
AJDA 2010, 1623. - J. Danet, La justice pénale entre rituel et management, Rennes, Presses
universitaires de Rennes, 2010.
97. G. Deharo, « Law et management : l'influence des sciences de gestion sur la juris
dictio », Gaz. Pal. 16 au 17 mai 2014, p. 15 et s. V. aussi L. Cadiet, « La théorie du procès et
le nouveau management de la justice : processus et procédure », in B. Frydman et e. Jeuland
(dir.), op. cit., p. 111-129.
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