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La Cour de justice de l'Union européenne

Le secret du délibéré et l'organisation judiciaire en général
empêchent de dégager parfaitement un « style présidentiel ».
Contrairement au président de la Commission, le président de la
CJUE n'a pas à impulser une action politique et il n'a pas à rendre
compte de ses décisions. La personnalité des présidents est peu
commentée et connue seulement de manière fortuite grâce à des
témoignages. Chaque président a évidemment une personnalité différente et leur appréhension est délicate et nécessairement partielle. Par exemple, le président O. Due se décrit lui-même comme
un « homme de compromis »34 et d'autres le présentent comme un
homme « très fin »35. Le président Robert Lecourt écrit que « le président anime l'institution, celle-ci est, pour l'essentiel, administrée
collégialement [grâce aux réunions administratives] »36, ce qui
donne en creux une première indication de son « style ». Concernant
le président Rodriguez Iglesias, il a pu être qualifié de « personne
d'une influence considérable »37 et d'« Européen convaincu, tolérant
et ouvert [ayant] toujours soin de placer les débats juridiques audelà des intérêts particuliers des États membres »38.
D'une façon inédite, la personnalité de V. Skouris a été davantage
soumise à l'analyse que ses prédécesseurs à l'occasion de la
réforme 2011-2015, qualifiée de « réforme Skouris »39. Portée effectivement par V. Skouris, « avec une grande force de conviction »40,
cette réforme a révélé le caractère parfois entier de cette personnalité41. De manière plus fondamentale, cette réforme a montré que
les décisions administratives et celles relevant de son pouvoir d'initiative « ont été exercées avec le temps dans les mains du seul président de la Cour de justice, agissant au nom de toute
l'institution »42. Une fois sa présidence achevée, J.-M. Sauvé retiendra surtout de ses quatre mandats « un représentant d'autorité et de
34. O. DUE, op. cit., p. 25.
35. D. EDWARD (interview with), op.cit., p. 28.
36. R. LECOURT, « La Cour de justice des Communautés européennes vue de l'intérieur »,
op. cit., p. 264.
37. D. EDWARD, « Oral History: Years on the Courts, part II », op. cit., p. 27.
38. J. V. LOUIS, « Gil Carlo Rodriguez Iglesias - 1946-2019 », CDE 2019, 1, p. 17.
39. M. BLANQUET, Droit général de l'Union européenne, p. 662. Ou encore « Skouris I proposal »,
« Skouris II proposal » (L. COUTRON, op. cit., p. 146 et 153).
40. J.-M. SAUVÉ, « Préface », op. cit., p. 26.
41. D. SARMIENTO, « The Skouris legacy and the Skouris Court », blog Despite our Differences,
8 oct. 2015 ; J. QUATREMER, « La justice européenne au bord de la crise de nerfs », Libération-blog Coulisses de Bruxelles, 26 avr. 2015 ; M.-P. GRANGER et E. GUINCHARD, « Introduction: The Dos and Don'ts of Judicial Reform in the European Union », in E. GUINCHARD et
M-P. GRANGER (ed.), op. cit., p. 1, 2 ;
42. A. ALEMANNO et L. PECH, op. cit., p. 161.

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