Hors collection - L'État territorial au Maroc et en France : quelles synergies entre les finances de l'État et les finances territoriales ? - 19

MICHEL BOUVIER

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coup par coup et de voir se développer en guise de solution une cacophonie,
un système déshumanisé, résultat d'une incapacité à penser autrement, à
comprendre et à interpréter un monde en pleine transformation. C'est la
raison pour laquelle il s'agit d'encourager l'audace intellectuelle, de stimuler
la créativité politique afin d'inventer l'architecture d'un nouveau lien social,
d'un nouveau modèle politique, d'une nouvelle gouvernance financière
publique qui en constitue l'ossature.
Cette année, c'est à un nouvel aspect de la nouvelle gouvernance financière publique auquel nous allons nous consacrer durant ces deux journées :
celui de l'État territorial, autrement dit de la rencontre entre centralisation
et décentralisation, ou encore administrations déconcentrées de l'État
et collectivités territoriales. En effet, le pilotage des finances publiques
ne peut plus se limiter aujourd'hui au budget de l'État d'un côté et aux
budgets des collectivités territoriales de l'autre. S'en tenir à cette seule
dimension relèverait d'une approche partielle, méconnaissant les impératifs
qui découlent de la diversification d'un domaine dont la complexité s'est
considérablement accrue depuis ces quarante dernières années. Il est un
fait très facilement observable, qui est celui d'une démultiplication du
pouvoir financier, laquelle est d'ailleurs amplifiée par une percée de ce
pouvoir hors de son champ traditionnel, c'est-à-dire hors des frontières de
l'espace public. Dans ce nouveau contexte, et pour répondre à l'impératif
de cohérence des finances publiques, on est donc conduit à s'interroger
sur le périmètre du champ public. À cet impératif vient tout de suite s'en
ajouter un second, qui est de parvenir à restituer une image globale de
l'ensemble des comptes publics, comme des décisions prises en amont,
une image non pas centralisée mais intégrée, c'est-à-dire respectueuse de la
singularité et de l'autonomie relative de chaque entité. La société contemporaine constitue aujourd'hui un ensemble composite, complexe, qui peut
laisser douter de sa cohérence globale et par conséquent de la capacité à le
piloter. C'était le sujet sur lequel nous avons réfléchi l'année dernière. Or, à
un moment où une stratégie financière s'avère indispensable pour maîtriser
un déficit et une dette publics susceptibles de mettre en cause l'équilibre
de la société, il est crucial d'inventer un nouveau processus de décision.
Mais il ne s'agit pas pour autant d'en revenir à un État centralisé, à l'image
de ce qu'était par exemple la France autrefois. Il ne s'agit pas non plus de
laisser se développer à l'infini des pouvoirs autonomes, horizontaux au
risque d'une nouvelle féodalité, d'un éclatement de la société. La voie est
donc étroite car elle ne peut se formaliser que dans un système transversal
associant unité et diversité. Aussi, à travers ces enjeux, c'est la pérennité
du couple démocratie et bonne gestion qui est concernée. C'est aussi le
développement économique de notre société qui est en jeu. L'objectif doit
être de dépasser le clivage État-collectivités locales et de rompre avec une

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