Les Mélanges - Mélanges en l'honneur du professeur Didier R. Martin - 180

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SAVOIRS ÉTHOLOGIQUES ET CONNAISSANCES JURIDIQUES

psychosociologique ; le pouvoir, qui résulte d'une organisation juridique ; la
domination, qui est un état de fait de nature politique, psychologique ou, plus
souvent, économique ; la propriété, sous toutes ses formes, état de droit traduisant un rapport de l'homme aux choses ; le contrôle, succédané soit du pouvoir,
soit de la propriété, mais dont l'exercice passe par des voies juridiques qui en
limitent l'usage ; la possession, qui permet de jouir des utilités sociétales qu'ouvre
la propriété ; la garde, qui permet de faire porter le poids de l'incompétence ou
du fatum à celui qui se sert de l'un de ces produits dangereux que la société
industrielle met à profusion dans toutes les mains.
Pour faire bonne mesure, on évoquera simplement cette appropriation éthérée
mais si précieuse que confèrent les « propriétés intellectuelles » sous leurs multiples formes. Dans cette comparaison sommaire de l'éthologie animale et du
droit, on n'aurait garde de les oublier car tout compte fait, c'est dans ce domaine
que l'on peut observer les mécanismes juridiques de la propriété les plus proches
de ceux de l'éthologie animalière tendant aux mêmes fins de détermination d'une
exclusivité de possession et d'action. Finalement, à lire les éthologues, on s'aperçoit qu'entre le coq qui chante le matin pour affirmer l'existence de son territoire
de basse-cour et l'entreprise qui fait une publicité télévisée sur ses marques, il y a
un fossé dans les moyens, sans doute, mais aucune différence entre l'essence de la
publicité et le chant du gallinacé, en ce qui concerne leurs finalités.
Les distinctions que nous venons d'opérer n'empêchent pas des interactions
ou des croisements entre ces différentes catégories de sources des hiérarchisations
des rapports sociétaux. C'est ainsi que la puissance peut s'évincer tant de l'autorité que du pouvoir, de la domination, de la propriété et surtout du contrôle. Le
pouvoir peut engendrer la puissance ou la domination, voire l'autorité, notamment lorsqu'un peuple ressent fortement l'existence d'un péril collectif. C'est ce
que nous confirment les développements suivants au plan du politique.

2. Le cas des systèmes et institutions politiques
En dehors des relations économiques et parfois étroitement emmêlés avec
elles, les cadres juridiques institutionnels du pouvoir politique dans les groupes
humains et ceux des relations des individus avec les collectivités publiques, offrent
des champs de réflexions, parmi les plus riches qui soient, sur les rapports entre le
droit et l'éthologie. De façon semblable à ce que nous avons observé pour les
relations de compétitions de subsistance individuelles ou collectives, les interactions complexes qui gouvernent l'établissement, l'exercice et la conservation du
pouvoir dans un groupe humain, sont régies par des comportements substantiellement éthologiques. Toutefois, propre à l'homme, l'hyper-cérébralisation produit des normes juridiques qui distinguent formellement les comportements
humains de cette nature politique de ceux des animaux en ce qui concerne l'exercice du pouvoir grégaire.
L'approche étho-juridique des systèmes et institutions politiques des humains
à laquelle nous allons procéder de façon succincte, donc incomplète, se placera
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