Les Mélanges - Mélanges en l'honneur du professeur Didier R. Martin - 184

144

SAVOIRS ÉTHOLOGIQUES ET CONNAISSANCES JURIDIQUES

un facteur de vitalité sociétale et un moteur de progrès. Aussi est-il vain et serait-il
stupide de vouloir mettre en place des systèmes dont on attendrait qu'ils génèrent
un équilibre absolu et définitivement stable.
Comme chaque fois qu'il s'agit d'apaiser un rapport de forces contradictoires,
lorsqu'aucune de ces dernières ne peut l'emporter de façon décisive, tant sur le plan
éthologique que juridique, les seules solutions possibles relèvent de la transaction.
Celle-ci établit un modus vivendi, qui ne satisfait pleinement aucune des deux parties
mais qui leur permet d'accepter des inconvénients, au vu d'avantages corollaires.
C'est de ces sortes de transactions sociétales que vont naître des systèmes
hybrides ou symbiotiques qui évincent les solutions extrêmes pour placer l'organisation sociétale en cause, sur une troisième voie qui réintroduit l'éthique humaniste dans l'éthologie.
Sans entrer sur le large débat auquel se prête la définition de l'éthique, quel
que soit le domaine considéré, pour cerner ce concept d'éthique humaniste nous
retiendrons ici le contenu que lui impartit la très grande majorité des associations
philanthropique et particulièrement les grands clubs services49 qui ont pris une
place considérable au xxe siècle dans nos sociétés évoluées. On remarquera au
passage que ces organisations sont nées précisément pour pallier l'étiolement de
cellules sociétales traditionnelles de rattachement des individus à un groupe.
Toutes affichent des principes qui tendent à concilier liberté individuelle et solidarité grégaire. Les maîtres-mots qui définissent le contenu de cette éthique commune et universellement répandue sont :
- la liberté : celle des personnes et des nations, celle d'entreprendre et d'approprier, celle de penser et d'exprimer sa pensée sans craindre de répression quelconque, celle de choisir ses amours et ses amitiés, celle de circuler et de commercer... notamment ;
- la compréhension, qui comporte non seulement la tolérance des idées et des
modes de vies qu'on ne partage pas mais aussi la philanthropie et l'empathie.
Cette compréhension est aussi le fondement des relations d'amitié entre les
membres du groupe considéré. Plus généralement, elle procède d'un sentiment
d'empathie que nos aïeux du siècle des lumières appelaient la philanthropie ;
- le civisme, qui implique la participation aux charges communes mais aussi
l'engagement au service des autres, la discipline citoyenne et dans les cas extrêmes,
l'exposition au danger vital pour la défense de la cité ;
- La considération des personnes, quels que soient leur rang et leur position
sociale, leur fortune, leur apparence et leur niveau d'éducation.
Ainsi réintégrée dans l'éthologie de l'espèce humaine, cette éthique qui transcende les religions, les coutumes et comportements usuels des différents peuples
49. Lions, Rotary, Kiwanis, notamment. À eux seuls ces mouvements internationaux
comptent ensemble plus de trois millions de membres répartis dans plus de 300 pays. Certains
siègent à l'UNESCO.

Les Mélanges - Mélanges en l'honneur du professeur Didier R. Martin

Table des matières de la publication Les Mélanges - Mélanges en l'honneur du professeur Didier R. Martin