Les Mélanges - Mélanges en l'honneur du professeur Didier R. Martin - 9

AVANT-PROPOS

- et qui se sont épanchés avec reconnaissance sur les soins que vous leur avez
prodigués. Car c'est une véritable passion qu'ils ont pour vous - tout spécialement, N. Thomassin, L. Andreu et J.-F. Quiévy, vos trois mousquetaires, auxquels
s'allie volontiers d'Artagnan (F. Goncalves). À peine l'idée qu'un hommage vous
soit rendu pointait-elle qu'ils m'apportaient - en fidèles assistants et pour me
faciliter la tâche - non pas l'ensemble, car l'œuvre est grande, mais une bonne
centaine de vos articles et commentaires les plus importants, précieusement
conservés, sinon classés par genre, dans une chemise dont l'usure marquait, en sus
des nombreux « soulignages », une lecture assidue et méditée. Voici les qualificatifs qu'ils vous attribuent.
Pédagogue : vous ne donnez jamais à faire ce que vous ne sauriez faire à la
perfection vous-même. Les nombreux « florilèges » judiciaires qu'on peut lire au
Dalloz ou aux Petites Affiches sont souvent le corrigé de commentaires comparés
donnés lors d'examen (et dont on voit préalablement l'écriture parfaite aux portes
des amphis) : l'analyse ciselée qui y est faite s'adresse d'abord aux étudiants.
L'exemple permet la transmission (la substitution) du savoir.
Professeur : en robe de cours et sans note, avec à la main le Code civil. L'image
du professeur compte autant que la science qu'il délivre. La science se livre avec, par
son image. Elle ne s'en imprime que mieux. La passion du Droit se transmet, des
lèvres aux oreilles, les yeux dans les yeux, et pour les meilleurs, presque cœur à cœur.
Maître : dans le sens le plus noble. Le Maître, celui qui a des disciples auxquels il transmet sa rigueur, son savoir, son art de l'analyse et de la discussion et,
plus encore, son attention, son amitié. Tous ceux qui vous suivent et vous servent
sont en retour - et même avant - servis par vous. Chacun d'entre vos disciples a
eu le bonheur de découvrir l'ère haussmannienne où vous vivez.
Par vous, et par votre épouse. Car je ne pourrais pas, vous rendant hommage,
ne pas lui rendre un peu ce qui lui appartient. Il faut rendre à César ce qui est à
César. Et de ce que vous dites, et de ce que l'on voit, Madame votre épouse est
une part de vous. Je ne peux pour terminer, que vous plagier ; reprendre à votre
compte ce que vous distribuiez généreusement à celui qui vous forma (J. Béguin)
- je n'ose dire « maîtrisa » - car je ne saurais moi-même trouver les mots qu'il faut
pour le dire :
« Des Maîtres dispensent plus que leur science : des manières (des tics ?), une
morale (une éthique ?), une harmonie (une esthétique ?). Didier R. Martin est de
ceux-là. Tel il nous apparut, (tous élèves d'un grand maître). Le panache, l'alacrité, la fulgurance (le nœud papillon) liaient la gerbe enchantée de ses mots,
précis et précieux, qui, ensemble, disaient le droit, le discutaient, le transcendaient. (...) Inaccessible cependant, son étourdissante magie aura fait mieux que
griser ses élèves : elle les aura éveillés à l'excellence ; tous lui doivent le dépôt en
leur for d'un scintillement où s'avivaient leurs promesses ».

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