La montée en puissance du juge s'instituer gardien de la morale. Il en est ainsi notamment dans le procès emblématique d'un ancien directeur du FMI dans lequel il a été poursuivi pour proxénétisme, le juge d'instruction analysant précisément les comportements sexuels de l'intéressé au regard de ce que devrait être un comportement normal, certaines pratiques étant censées être réservées aux relations avec des prostituées6. On relèvera également que le droit pénal ne vise plus seulement à punir le coupable et à protéger la société, mais aussi à aider la victime à surmonter le traumatisme subi. Ainsi le juge est institué en thérapeute. Comme le note Denis Salas7, « les victimes récusent aujourd'hui cette convention selon laquelle c'est la loi souveraine et non leur propre personne qui est offensée. Aussi réclament-elles au nom de leurs droits subjectifs le règlement d'une dette impayée... La question posée au juge n'est plus quelle est la juste peine ? mais qui punir pour mieux réparer ? ». La démarche ne consiste plus seulement à trouver des coupables mais aussi des victimes « sacrificielles ». Cette logique est tout à fait régressive, elle nous ramène à une période antérieure à celle où « l'État pénal s'est substitué aux victimes dans le rôle d'accusateur pour assurer la paix de tous ». 6. 7. Cf. Le Figaro, 12 févr. 2015. Le Tiers pouvoir, Fayard, 2013, p. 85. 21