Grands Colloques - La crise des institutions - 30

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LA CRISE DE LA FAMILLE, UNE CRISE D'AUTORITÉ ?

protection, protection de la famille elle-même, en tant qu'entité, et
protection de la vie privée et familiale de ses membres3.
C'est que la famille, en tant que groupe formé de liens de parenté et
d'alliance, a toujours assuré de multiples fonctions. Si certaines de ses
fonctions politiques, religieuses, économiques ont disparu, elle reste le
lieu de la solidarité, mais aussi de la reproduction et de l'accueil de l'enfant,
de son éducation et le moyen de son intégration dans la société. La famille
constitue également pour ses membres un refuge, un déversoir de tensions,
une relative indulgence face à une société de la performance, un tremplin
pour l'avenir, le vecteur de la confiance en soi, en un mot la famille joue
un rôle dans l'épanouissement personnel de l'individu.
Ce que rejetait la jeunesse de mai 1968, c'était le conservatisme de
la famille vue comme une institution obéissant à un régime juridique
impératif, dominée par une pesante hiérarchie et créant des liens inaltérables
non choisis4. Depuis lors, la famille a profondément changé dans notre
pays, et tant les sondages que les audiences télévisuelles montrent que nos
contemporains la plébiscitent comme valeur primordiale de notre société5.
Cerésultat aprioriparadoxals'expliqueparl'évolutiondesrapportsfamiliaux.
Notamment, l'autorité entendue comme le pouvoir de commander baisse
en intensité au sein de la famille, ce qui facilite l'émergence de l'individu.
Mais la recherche du bonheur individuel vire aussi, bien souvent, à un
individualisme qui brise la vision idyllique de la famille, chacun cherchant
son seul avantage. La place de l'autorité dans l'organisation de la famille
s'est modifiée et n'est plus toujours respectée, si bien que l'on assiste à une
crise de l'autorité dans la famille.
Face à des crises familiales à répétition, le droit doit-il suivre les mœurs ou
les précéder, les accompagner ou les mettre en ordre? Le droit n'est-il qu'un

3. Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, art. 7 ; Convention européenne
des droits de l'homme, art. 8.
4. V. E. Sullerot et J.-C. Guillebaud, « Pourquoi les « soixante-huitards » ont-ils rejeté la
famille ? », Revue Panoramiques, 2002, n° 57, p. 62.
5. Sondage CSA du 3 décembre 2014 : plus de 80 % des personnes interrogées associent
à la fête de Noël le mot famille, largement en tête devant d'autres références. Étude CSA
juin 2014 : pour 95 % des sondés, la famille évoque quelque chose de positif. Ifop 23 janv.
2012 n° 110033 : la famille est beaucoup plus associée à des notions positives - telles que le
bonheur (53 %), le partage (44 %), les valeurs communes (39 %) ou la solidarité (34 %) -
qu'à des termes négatifs comme « les conflits » (5 %) ou « les contraintes » (4 %).
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