Hors collection - Lettres de François Gény à Raymond Saleilles - 150

LETTRES DE FRANÇOIS GÉNY À RAYMOND SALEILLES

des vacances immobilisées, complètement pour ma femme, plus qu'à moitié pour
moi. Je ne puis penser m'échapper ici avant la mi-septembre, et ce ne pourra être
que pour deux semaines, au plus.
J'ai eu à peine le temps, samedi, en quittant Dijon, et après avoir télégraphié au
jeune lauréat le succès que vous m'aviez annoncé, de vous adresser mes remerciements pour votre empressement à nous prévenir de cet événement qui ajoute un
nom fort méritant au livre d'honneur de notre bonne Faculté. Un autre monument
de Dijon, R. Garnier, aurait pu être remarqué42. Mais il avait notablement moins
de chances que Moissenet43. Et surtout, d'après le compte-rendu qu'il m'avait
fait de son travail, celui-ci présentait des lacunes qui ont dû le faire éliminer en un
concours, où l'on tient, peut-être un peu trop, à un exposé complet de la question
proposée.
Je crois vous avoir dit déjà que, sur la lettre que vous lui aviez écrite, Bartin,
m'avait ouvert libéralement sa future collection pour mon malheureux article44.
Mais les pourparlers avec la Revue bourguignonne étaient déjà si avancés, quand
m'est parvenu son télégramme, qu'il m'a paru difficile de me dégager même provisoirement. D'autre part, comme je l'ai écrit à Bartin, mon travail n'ayant été ni
conçu ni commencé en vue de sa collection, qui a maintenant un but très précis, je
vais pouvoir ne lui rendre qu'un mauvais service en le lui réservant. Enfin, je tenais
à avoir mes coudées franches et mon franc parler : ce que rend toujours difficile,
sinon impossible, la participation à une œuvre collective. Bref, je m'en suis tenu
à accepter l'hospitalité large et sans conditions de la Revue bourguignonne, en
complétant la publicité, peut-être un peu restreinte de cet organe local, par un
tirage à part.
Dans le cas où vous seriez encore à Paris, et si vous deviez encore vous rendre
à l'École de droit, pour des examens, pourriez-vous me rendre un petit service ?
Ce serait de constater si votre bibliothèque reçoit un périodique allemand intitulé
« Juristisches Litteraturblatt ». Je vois indiqué comme ayant paru dans cette Revue
deux articles de Kohler45 dont je n'ai d'autre indication que cette provenance
avec la date des volumes et les pages : 1895 p. 19846 et 1896 p. 11647. Ces articles
pourraient m'intéresser, si j'en avais la citation que j'ai en vue. Pour l'instant, je
désirerais seulement en connaître le titre et savoir si je pourrais facilement me
42. Cf. lettre du 5 août 1895.
43. Sur Félix Moissenet, voir la lettre du 31 juillet 1897.
44. Cf. lettre du 2 avril 1897.
45. Après l'obtention du titre de docteur en droit, Josef Kohler (1849-1919) devint juge à Mannheim
en 1874, puis professeur de droit à Würzburg en 1878 et à Berlin en 1888. Il réalisa une importante
production intellectuelle, composée de réflexions sur la propriété intellectuelle, le droit romain, le droit
comparé, la sociologie juridique et la philosophie du droit. Kohler a participé au Livre du Centenaire
du Code civil et fut également rapporteur au Congrès international de droit comparé de 1900.
46. Cet article concernait la philosophie du droit et la jurisprudence comparative. J. Kohler,
« Zur Rechtsphilosophie und vergleichenden Rechtswissenschaft », Juristisches Litteraturblatt, Berlin,
C. Heymann, 1895, t. VII, p. 198.
47. Il doit s'agir d'un article de Josef Kohler et Erich Liesegang, intitulé « Das Römische Recht am
Niederrhein ». La bibliographie de J. Kohler fut publiée par son fils Arthur (Josef-Kohler-Bibliographie :
Verzeichnis aller Veröffentlichungen und hauptsächlichen Würdigungen, Berlin, Rothschild, 1931).

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