Hors collection - Lettres de François Gény à Raymond Saleilles - 178

LETTRES DE FRANÇOIS GÉNY À RAYMOND SALEILLES

pour des yeux et des esprits français, - en bannissant impitoyablement tout ce qui
serait à côté. Maintenant, sur les applications de cette idée générale, si elle était
admise, il y aurait divers points à bien préciser - a) ainsi, vous m'écrivez que vous
écartez tout ce qui est histoire. Ne faudrait-il pas cependant admettre l'indication
de l'origine immédiate des dispositions, je veux dire la dernière source autonome
de laquelle elles proviennent. - b) D'autre part, donnera-t-on des notions de droit
comparé ? À mon avis, la négative s'impose comme règle presque absolue et par
conséquence de votre idée. Toutefois je serais disposé, toujours d'après cette idée
même, à faire exception en faveur du droit français, en ce sens qu'il pourrait être
utile, le cas échéant, de faire ressortir l'opposition de la loi allemande à notre loi
ou à notre jurisprudence, et l'adaptation qu'on peut songer à en faire chez nous
par voie d'interprétation large, ou de réforme législative.
4°/ Relativement, enfin, aux exposés d'ensemble, je serais plutôt disposé à me
séparer de vous et à revenir, sous une certaine forme, à l'idée que vous me dites
avoir été celle de M. Bufnoir. Mais voici, au juste, ce que j'entends dire. Si je vous
comprends bien, en dehors de l'introduction générale, dont la nécessité s'impose,
le travail personnel des traducteurs ne se présenterait que sous la forme de notes,
placées à la suite de chaque article méritant une explication. Or, tout en conservant
ce procédé comme le procédé usuel et normal, il me semble que, dans certains cas,
il pourrait être d'une meilleure méthode de présenter des éclaircissements relatifs à
toute une série d'articles. Peut-être au commencement de chacune des cinq grandes
parties28, pour orienter le lecteur ou le chercheur français sur l'ensemble de cette
partie. Peut-être même, aussi, au début de certaines sections, de quelques titres. Je
ne puis au juste comment cette nécessité se présentera. Ce pourra être d'une façon
différente dans chaque partie. Mais il me semble qu'elle se présentera, et même
assez souvent. Vous dites bien qu'on pourrait rattacher les explications générales
à l'article capital de la matière. Je me demande si cela sera toujours bien facile ou
même possible, et, je crains qu'un pareil procédé ne facilite pas les recherches et
la documentation rapides, ce qui doit rester notre objectif principal. Pourvu que
le texte du Code reste distingué des explications personnelles des traducteurs
par une différence de caractères, qui sans doute est décidée a priori, je n'aperçois
aucun inconvénient et je ne verrais qu'avantages à permettre à chaque traducteur,
en dehors des notes article par article, d'insérer des entrefilets de portée plus ou
moins générale, suivant l'exigence des cas.
Telles sont les réflexions très banales comme vous voyez, qui me sont venues
sur les 4 points de votre ordre du jour de dimanche. Encore une fois, je ne vous
les soumets que pour répondre à votre désir, et comme de simples doutes de ma
part, en vue d'être éclairé et guidé.
Dans le même but, je voudrais poser les questions suivantes, qui, peut-être sont
déjà résolues :
28. Le BGB se divisait en une partie générale et quatre parties spéciales. Traduite par Saleilles, la
partie générale traitait notamment des personnes, des choses, des actes juridiques, ou encore des délais
et des échéances, de la prescription, de l'exercice des droits (§§ 1er à 240). Les quatre parties spéciales
étaient relatives aux droits des rapports d'obligations (§§ 241 à 853), aux droits des choses (§§ 854 à
1296), au mariage civil (§§ 1297 à 1921), au droit successoral (§§ 1922 à 2385).

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