Hors collection - Lettres de François Gény à Raymond Saleilles - 182

LETTRES DE FRANÇOIS GÉNY À RAYMOND SALEILLES

mais encore pour serrer la main à Deslandres lui-même, que je ne parviens pas à
rencontrer ces jours-ci.
À demain donc. Et mille amitiés.
Fr. Gény

100 [chez M. Saleilles-Clerget, Beaune]
La Machine, 11 avril 1898
Mon bien cher ami,
Nous profitons, nous aussi, avec délices, des beaux jours que nous ont jusqu'ici
offerts ces vacances. Et nous guettons, chaque matin, les progrès de ce printemps
d'autant plus prompt maintenant à lancer ses premières pousses qu'il a été tardif à
se décider. Tout notre petit monde en profite. Et, comme ma femme vient d'avoir
une semaine sainte un peu lassante en l'absence de la nourrice sèche de notre petite
fille qui prenait elle aussi ses vacances, je vais insister vivement pour que l'on reste
ici au moins une semaine encore après moi. Vous voyez que nous suivons de plus
en plus votre exemple.
Pour mon compte, je réintègre Dijon samedi, ayant deux cours à préparer pour
lundi, et devant me ménager dans ce but mon dimanche34. Mais je ne puis compter
vous voir encore. Car je n'arriverai à Dijon que dans la soirée de samedi, assez
tard probablement. Au plus tôt pourrait-ce être à 3 h après-midi. Et, d'après ce
que vous m'écrivez, vous seriez déjà parti.
Au sujet du vœu de Villey-Esmein35, j'avais moi-même écrit à Bartin, qui d'ailleurs n'est pas, pour le moment du moins, civiliste. À Nancy, j'ai songé à écrire.
Mais j'y suis peu encouragé, quand je me rappelle les résultats d'une conversation
que j'y eus, il y a deux ans, au moment de la candidature au Conseil supérieur de

34. En 1898, Gény était professeur de Code civil et chargé d'un cours complémentaire de droit
international privé pour la licence (AN. F17 24197).
35. Après avoir été agrégé à la faculté de Douai, Adhémar Esmein (1848-1913) fut rattaché à Paris
en 1879, où il devint, suite au décret du 28 décembre 1880, le premier à enseigner l'histoire du droit
en première année. Titularisé dans cette chaire en 1891, il dispensa un cours d'histoire du droit public
à compter de 1898. Avec l'histoire du droit, l'apport scientifique d'Esmein marqua profondément le
droit constitutionnel, qu'il avait commencé à enseigner en 1890. Lors de la séance du Conseil de la
faculté de droit de Paris du 7 mars 1898, Esmein émit le souhait que le doctorat politique et économique
fût « retouché sur trois points ». Plus précisément, il désirait : « 1. que l'économie politique n'y figurât
plus dans une mesure très restreinte ; 2. que le droit administratif y devînt obligatoire ; 3. que le droit
criminel y fût introduit » (AN. AJ16 1796, p. 326). Il s'était déjà montré favorable au sectionnement
de l'agrégation en plusieurs disciplines. Voir les annotations de la lettre du 3 juin 1895. S. Pinon,
P.-H. Prélot (dir.), Le droit constitutionnel d'Adhémar Esmein, Paris, Montchrestien, 2009.

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