Hors collection - Lettres de François Gény à Raymond Saleilles - 197

1898

attendre les vôtres ; je vous renouvelle toutes mes offres d'hospitalité. Merci de
votre cordial accueil d'hier. Cette journée m'a fait grand bien au cœur. Respects
aux vôtres et mille amitiés pour vous.
Fr. Gény

111 [Paris]
Dijon, 6 novembre 1898
Mon bien cher ami,
J'avais écrit, dès le commencement de la semaine dernière, à M. Lyon-Caen pour
lui exposer les difficultés que j'entrevoyais pour moi à terminer, dans le courant
de 1900, la traduction de la partie assez grosse qui m'a été assignée dans le Code
civil allemand, et plus généralement lui soumettre quelques observations en vue du
choix d'une personne plus compétente, mieux outillée ou mieux armée que je ne me
sens moi-même - Hier, je reçois une lettre fort sèche, par laquelle M. Lyon-Caen,
tout en m'engageant à vaincre mes hésitations et à passer outre aux obstacles, me
déclare essentiellement et avant tout qu'en somme cette affaire ne concerne ni lui
ni le Conseil de direction de la Société de législation comparée59, que je me suis
engagé envers le Comité de législation étrangère, que lui-même (M. Lyon-Caen)
n'a aucune qualité pour me délier de cet engagement, que je me suis donc trompé
d'adresse en lui écrivant et que je dois m'entendre exclusivement avec M. Aucoc60,
président du Comité de législation étrangère - C'est fort bien. Mais si, de mon
côté je voulais me placer sur le terrain juridique (que vient-il faire ici vraiment ?)
il me serait facile de riposter qu'il y a eu, quant à moi, malentendu complet sur la
position offerte et acceptée, que j'ai toujours compris que je n'avais affaire qu'à la
société de législation comparée, qu'en fait d'avis officiel, j'ai eu pour tout potage,
59. Pour l'année 1898, le Comité de direction de la Société de législation comparée se composait de
ses anciens présidents (Aucoc, Barboux, Dareste, Ribot, Bufnoir, Du Buit, Féraud-Giraud, Tranchant),
de son président Lyon-Caen et de ses vice-présidents (Cheysson, Gérardin, Desjardins, HubertValleroux). Les conseils comprenaient seize membres, parmi lesquels on comptait quelques professeurs
de droit : Alix, Chavegrin, Ducrocq et Jobbé-Duval. BSLC, t. XXVII, p. 68.
60. Après avoir exercé les fonctions d'auditeur du Conseil d'État, Léon Aucoc (1828-1910) devint
maître des requêtes en 1860. Il fut ensuite conseiller d'État de 1869 à 1879 et président du Comité de
législation étrangère à partir de 1882. Il était également membre de l'Académie des sciences morales
et politiques depuis 1877, ainsi que président du conseil d'administration de l'École libre des sciences
politiques. Si son apport au droit administratif était fondamental, sa contribution au droit comparé
fut également essentielle. Il publia pendant l'année 1889 ses Études de législation comparée en France,
Paris, A. Picard. Il fut également le vice-président du comité d'organisation du Congrès international
de droit comparé en 1900. Dans ses lettres, Gény fait aussi référence au « Comité Aucoc » pour la
traduction du Code civil allemand (cf. lettres des 15 janvier, 3 et 11 février 1901).

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