Hors collection - Lettres de François Gény à Raymond Saleilles - 242

LETTRES DE FRANÇOIS GÉNY À RAYMOND SALEILLES

commencé en janvier à raison de 3 leçons par semaine, sera terminé à la mi-mai. Il
aura donc de larges loisirs dès cette année et peut-être davantage encore, l'année
prochaine. Il me semblerait tout indiqué. Seulement, je crois, si on voulait lui en
parler qu'il conviendrait de lui écrire directement, sans mêler à la chose sa famille,
qui sera sans doute portée à le prémunir contre tout surcroît de travail un peu
sérieux. C'est ce qui me rendrait un peu difficile de traiter la chose avec lui puisque,
voyant son père à peu près tous les deux jours15, je ne pourrai guère lui en écrire
sans en parler en même temps à M. Gaudemet.
À défaut d'Eugène Gaudemet, il y aurait encore A. Chrétien, qui serait merveilleusement en situation, pour la loi d'introduction, et qui connaît admirablement
l'allemand16. Seulement il est un peu difficile à décider. Mais qui sait ?
Si l'on veut publier la traduction d'un bloc, fût-ce dans deux ans d'ici, j'estime,
que, pour ma part du moins, il faudrait trouver un nouveau collaborateur17. Car,
au train dont je vais, je ne puis prévoir quand cela serait terminé.
8 h soir - Je reçois votre seconde lettre, au moment de clore celle-ci. - Je ne
vois rien à ajouter à ce que j'ai dit plus haut, quant à Tissier. Mais, tout en restant
convaincu de sa bonne volonté, je ne compte pas beaucoup sur lui.
J'ai poursuivi un peu mon travail aujourd'hui. En restant aussi fidèle que
possible à l'idée d'éclaircir simplement le texte et de ne donner que les explications
essentielles pour des juristes français même en les supposant intelligents, réfléchis
et capables de lire, au besoin, entre les lignes, je n'arrive pas encore à garder les
limites imposées par le programme. Mais je crois qu'il y aura compensation en
d'autres matières d'un caractère réglementaire. En tout cas, et provisoirement,
je préfère retenir toutes les indications, qui me semblent indispensables, et dont
aucune raison décisive n'exige le sacrifice.
Merci de vos encouragements. Mais dites-moi tout de même ce qu'il y aurait,
suivant vous à modifier dans ma manière. Cet avis m'est indispensable pour
avancer.
J'espère que vous serez bientôt complètement tranquillisé du côté de Beaune.
Mais, après une atteinte aussi sérieuse, que celle subie récemment par Monsieur
votre père, un peu de temps est nécessaire pour assurer le complet rétablissement.
Tous mes vœux sont pour vous à cette intention.
Et mille bonnes amitiés.
Fr. Gény

15. Agrégé à la faculté de droit de Dijon depuis 1868, Paul-Edouard Gaudemet effectua l'ensemble
de sa carrière dans cette université. Les archives de la faculté de Dijon ne permettent pas d'expliquer
ces rencontres (AD. Côte-d'Or, SM18419, p. 173 et s.).
16. Cf. lettre du 23 novembre 1899.
17. Albert Tissier, Eugène Gaudemet et Alfred Chrétien ne collaborèrent pas à la traduction du Code
civil allemand. La matière du droit familial fut traduite par François Gény et par Paul Hamel, avocat à la
cour d'appel de Paris, pour les matières concernant la paternité, la filiation et la tutelle (art. 1589-1921).

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