Hors collection - Lettres de François Gény à Raymond Saleilles - 284

LETTRES DE FRANÇOIS GÉNY À RAYMOND SALEILLES

personnalité100, je crois qu'en présence des sentiments bien connus de M.M. Liard
et Leveillé, on sacrifiera les personnes aux conceptions, et on ne voudra qu'un
économiste bon teint.
J'ai dû, depuis quelque temps, délaisser un peu le Code civil allemand, et je
vois maintenant que je n'arriverai pas à avoir traduit, ces vacances, la cinquantaine
d'articles, que je comptais faire. C'est tout juste, et encore à condition d'éviter tout
accroc, si j'aurai terminé fin Décembre prochain, le régime légal des biens entre
époux101. Il est vrai, que ce régime, tel que l'organise le B.G.B., ne ressemblant à
rien de ce que nous connaissons en France, demande des explications relativement
développées. Et, malgré les tendances égalitaires et simplistes de M. Tanon102, je
ne me résous pas à traiter, brièvement c.-à-d. inintelligiblement, ce qui ne nous
est aucunement familier. Mais, en tout cas, à supposer que j'aie, à peu près mis
sur pied, 135 articles de ma tâche totale au 31 Décembre prochain, vous voyez
quand, de ce train, je puis espérer arriver au terme, si l'on ne m'aide pas par une
nouvelle collaboration. Je tiens, du moins, à ce que l'on le sache dès maintenant,
pour dégager d'avance ma responsabilité.
Tout mon monde va assez bien, sauf pourtant notre petite dernière qui, depuis
huit à dix jours, dépérit assez sensiblement. Cela commence à nous inquiéter un
peu. Et si la situation continuait à empirer, nous pourrions être amenés à hâter de
quelques jours notre rentrée à Dijon, où nous trouverions, du moins, les conseils
qui nous manquent ici. Veuillez, je vous prie, présenter mes respectueux hommages
à Monsieur votre père et à Madame Saleilles. Joignez-y, pour celle-ci les affectueux
souvenirs de ma femme et croyez-moi votre bien cordialement attaché.
Fr. Gény

169 [Gigny]
La Machine (Nièvre), 22 octobre 1900
Mon bien cher ami,
J'ai trouvé votre petit mot du 20 cette nuit, en revenant des obsèques de ce
pauvre Renardet103. Nous n'avions été préparés à la cruelle émotion de ce nouveau
100. Ernest Bailly fut promu Chevalier de la Légion d'honneur le 11 août 1900 (AN. LH/94/7).
Cette décoration prenait effet à compter du 20 septembre 1900. Son brevet datait du 10 décembre.
101. La partie du Régime légal des biens entre les époux se composait des articles 1363 à 1431 du
Code civil allemand. Code civil allemand, op. cit., t. III, p. 113-215.
102. Sur le rôle de Tanon, voir la lettre du 7 décembre 1899.
103. Ernest Renardet (1841-1900) décéda le 19 octobre à Dijon. Le parcours universitaire de ce docteur
en droit de la faculté de Dijon fut marqué par une constance dans l'enseignement du droit romain, qu'il

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