Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 127

Les répertoires d'action du lobbying

comme l'échec des autres : de bonnes actions de lobbying l'ont
emporté sur de mauvaises, mais quoi que soit ce résultat, les
techniques du lobbying ont montré leur efficacité, ce qui est
essentiel pour justifier le bien-fondé d'y recourir aux yeux des
responsables des groupes qui le pratiquent. Cette diversité des
situations concurrentielles dans lesquelles des acteurs qui ne sont
pas dotés de ressources équivalentes interagissent exigerait de
plus une analyse fine pour mesurer l'efficience des actions de
lobbying engagées qui ne s'évaluent pas seulement au résultat final
obtenu, mais à leur pertinence dans l'ensemble de la campagne de
pression. L'étude d'opérations de lobbying juridique en réaction à des
pratiques judiciaires réalisées par les entreprises montrent
parfaitement que l'évaluation de leur performance doit « être
appréciée globalement en tenant compte des autres initiatives
menées tant sur le plan juridique que sur le plan concurrentiel » et
que si elles ne sont pas parvenues à modifier la législation ou son
application, « la mise en œuvre des actions politiques » a pu
« contribuer à la conception qu'ont les juridictions du droit » en
cause111. Plus fondamentalement, l'imputation d'une politique ou
d'une décision à une action de lobbying ne va pas de soi. Ce n'est
pas nécessairement parce que tel ou tel groupe d'intérêt défend
une mesure que les décideurs la prennent : ils peuvent le faire pour
des mobiles étrangers à la pression qu'il exerce et aux arguments
qu'il développe en sa faveur112. Finalement ce n'est guère que
lorsque les objectifs sont simples et clairs - obtention d'une
exemption, d'une mesure fiscale, d'un marché, etc. - que l'efficacité
d'une action de lobbying peut être facilement évaluée. Quant aux
succès d'actions relevant du lobbying externe - manifestations et
mobilisations, inscription d'un enjeu sur l'agenda médiatique, dans
le programme d'un parti, sur l'agenda gouvernemental et/ou
parlementaire - ce ne sont que des réussites intercalaires, qui ne
disent rien de la pertinence finale de la stratégie choisie.
L'appréhension de la réalité des stratégies de lobbying et de leur
efficacité devrait passer, comme le suggère M. Offerlé, par une

111. M. ATTARÇA, P. CORBEL, « Le lobbying en réaction à des pratiques judiciaires : la réforme du
droit des brevets aux États-Unis contre la menace des patent trolls », in V. DE BEAUFORT,
A. MASSON (dir.), op. cit., p. 45.
112. Sur le cas des niches fiscales dont la création ne tient pas toujours au lobbying mais
dont le maintien, le développement, et l'amélioration sont « clairement le fruit d'un
lobbying réussi » : A. MATRAY, « Les niches fiscales : entre lobbying réussi et instrument
de politique économique », Regards croisés sur l'économie, nº 1, 2007, p. 89.

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