Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 27

Le champ d'émergence économique et institutionnel

intérêts des professions organisées fut, sans surprise, la cible de
tous ceux qui entendaient s'affranchir des contraintes qu'il imposait
en libéralisant l'économie. À la veille de la Révolution, leur
suppression préconisée par les physiocrates et décidée par un édit
de Turgot de février 1776 qui en avait « négligé l'impact sismique »37,
s'était heurtée à l'opposition des corporations. À peine la réforme
faite38, elles avaient obtenu qu'un autre édit la remplace qui établissait
un nouveau corporatisme39. Mais ces corporations réformées40 laissaient
insatisfaits les anciens maîtres qui restaient nostalgiques de l'ancien
système41.
Si les deux ordres dominants de la société d'Ancien Régime
bénéficiaient ainsi d'accès privilégiés aux organes de l'État et
pouvaient faire valoir leurs intérêts auprès du monarque et en obtenir
la consécration juridique, notamment dans les réglementations du
marché42 et si les différentes professions s'étaient faites octroyer des
statuts corporatifs qui garantissaient les leurs43, qu'elles surent
conserver lorsque la monarchie se fit absolue, l'influence de ces
acteurs, voire leur existence même, fut remise en cause par la
révolution qui commença la démocratisation de l'État et libéralisa
l'économie.

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Sur le plan économique, elle correspond au remplacement du mode de production féodal
par un mode de production capitaliste et une mise en adéquation, par le renversement
des rapports sociaux de l'Ancien Régime, du niveau de développement atteint par les
forces productives avec les rapports sociaux capitalistes nécessaires à leur progression :
Manifeste du parti communiste, Éditions sociales, 1972.
S. KAPLAN, « 1776, ou la naissance d'un nouveau corporatisme », in S. KAPLAN, Ph. MINARD
(dir.), La France, malade du corporatisme ? XVIIIe-XXe siècles, Belin, 2004, p. 53 et s.
Édit de février 1776, (qu'il fallut un lit de justice, le 12 mars 1776 pour faire enregistrer par
le Parlement, Portant suppression des communautés d'Arts et métiers ci-devant établies
dans les villes du ressort du Parlement de Paris, remplacé par l'édit du 23 août 1776 qui
les rétablit sous de nouvelles règles.
S. KAPLAN, art. cit., p. 58 et 59.
W. H. SEWELL, Gens de métier et révolution, Aubier, 1983, p. 114.
Sur ce mécontentement : S. KAPLAN, art. cit., p. 80.
M. Weber observe que les premières réglementations du marché n'avaient guère de portée
économique rationnelle : « Elles avaient des motivations traditionnelles, magiques,
tribales, corporatives, militaires, sociopolitique ; parfois elles étaient conditionnées par
les besoins des chefs de groupement ; une chose est pourtant certaine : leur raison
profonde se fondait sur des intérêts dont le but rationnel n'était pas l'augmentation des
chances d'acquisition ou d'approvisionnement, mais qui se confondaient souvent avec
lui », op. cit., p. 128. Il dresse un tableau très détaillé de ces finalités p. 129-130.
Les groupements économiques du genre cartel, corporation, ou guilde reposent sur la
réglementation ou l'exploitation monopolistique de chances lucratives : M. WEBER, op. cit.,
p. 164.

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