Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 45

Le champ d'émergence économique et institutionnel

rapidement leurs fonctions136, leurs statuts et certains des avantages
dont ils jouissaient sous l'Ancien régime en matière137. À l'initiative de
l'État, sont aussi créés des organismes de gestion et de
consultation dans lesquels sont représentées les professions
concernées138 pour des raisons d'efficacité administrative : un arrêté
du 3 nivôse an XI met en place des chambres de commerce, une loi
du 1803 crée des chambres consultatives des arts et manufactures.
Les conseils de prud'hommes139 viendront compléter la palette des
organismes assurant sous des formes diversifiées la prise en
considération des intérêts, en l'espèce des métiers, transformés en
« publics intermédiaires » dans le règlement des conflits du
travail140 . Maintenant l'interdiction des sociétés secrètes, mais
autorisant les réunions des clubs et des associations ouvrières141, la
IIe République « vit se constituer de multiples associations de
travailleurs, ou parfois de travailleurs et de patrons »142 et lors des
élections législatives de 1848, « chaque corporation se constitua en
comité électoral [...] brûlant d'envie d'élire des représentants de leur
profession »143. Rétablissant la règle de l'autorisation, le Second
Empire mit fin à cette « effervescence associative »144. Alors que la
culture politique restait foncièrement hostile aux intérêts
particuliers, certains groupes utilisaient des structures de
sociabilités - salons145, cercles d'agrément146, clubs, cafés147,

136. Les notaires récupérèrent peu à peu leurs fonctions : Loi du 25 ventôse an XI (1803).
137. La loi du 28 avril 1816 prévoit que certains d'entre eux - avocats à la Cour de cassation,
huissiers, notaires, avoués, greffiers, agents de change, courtiers et commissairespriseurs - ont le droit de présenter leurs successeurs à l'agrément de « Sa Majesté ».
138. C. LEMERCIER, Un si discret pouvoir, La Découverte, 2003.
139. L. 1809.
140. Pour une analyse des débats sur leur création : A. COTTEREAU, « La désincorporation des
métiers et leur transformation en « publics intermédiaires » : Lyon et Elbeuf, 17901815 », in S. KAPLAN, Ph. MINARD (dir.), op. cit., p. 137-143.
141. Décret du 28 juillet 1848.
142. J. LALOUETTE, « Les insaisissables corporations du premier XIXe siècle : enquête sur les
usages d'un mot », in S. KAPLAN, Ph. MINARD (dir.), op. cit., p. 163 ; sur les « humbles
mutualités du début du XIXe siècle (...) organisant une liaison clandestine entre les
membres d'une même profession pour obtenir une amélioration du sort commun » :
G. BURDEAU, Traité de science politique, op. cit., p. 222.
143. W. H. SEWELL, op. cit., p. 350.
144. F. SOUBIRAN-PAILLET, op. cit., p. 56.
145. A. MARTIN-FUGIER, Les salons de la IIIe République, Perrin, 2003, p. 53-118.
146. M. AGULHON, Le cercle dans la France bourgeoise 1810-1848, A. Colin, 1977 ; B. LECOQ, « Les
Cercles parisiens au début de la Troisième République : de l'apogée au déclin », Revue
d'histoire moderne et contemporaine, nº 32-4, 1985.
147. Sur les dîners réunissant hauts fonctionnaires, politiques, écrivains, artistes : J. GRÉVY,
« Les cafés républicains de Paris au début de la Troisième République », Revue
d'histoire moderne et contemporaine, nº 50-2, 2003, p. 62.

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