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Lobbying et stratégies d'influences en France

« coalitions de cause »228, en passant par la mise en place de
« communautés épistémiques » qui est « un réseau de professionnels
disposant d'une compétence reconnue dans un domaine particulier et
qui revendiquent avec autorité leur connaissance politique » dans
celui-ci229, ce sont là autant de stratégies grâce auxquelles les groupes
participants réussissent à peser plus ou moins durablement sur les
décisions et à les coproduire230.
La diversité de ces situations rend délicate la caractérisation
d'ensemble du système complexe d'intermédiation des intérêts ainsi
mis en place, qui a donc suscité bien des hésitations231, certains
groupes, notamment les syndicats, conservant un comportement
protestataire tout en pratiquant la négociation collective et en
entretenant d'étroits contacts avec certains partis politiques232,
d'autres s'inscrivant plutôt dans une démarche néocorporatiste que
les mécanismes de consultation et de concertation les incitent à
adopter lorsqu'ils peuvent, par l'un ou l'autre des procédés que
l'étude des politiques publiques a mis en évidence, avoir une prise
réelle sur la décision233, parvenir à cogérer une politique234, voire
être capables, comme certaines corporations, de neutraliser
complètement les réformes voulues par l'État235.

228. P. SABATIER, "The Advocacy Coalition Framework: Revisions and Relevance for Europe",
Journal of European Public Policy, 5 : 1, 1998, p. 103. Elles sont composées « d'acteurs
issus d'organisations gouvernementales et privées variées, qui [...] partagent un
ensemble de croyances normatives et causales et participent [...] à une activité
coordonnée dans le temps». Il s'agit plus précisément des leaders de groupes
d'intérêt, des fonctionnaires d'agences publiques, des législateurs aux différents
niveaux de gouvernement, des experts et « peut-être même des journalistes ».
229. P. HASS, "Epistemic Communities and International Policy Coordination", International
Organization, 46 (1), 1992, p. 1-35, dont p. 2.
230. B. JOBERT, P. MULLER, L'État en action : politiques publiques et corporatismes, PUF, 1987.
231. F. L. WILSON art. cit., p. 220 et s.
232. Sur ces rapports : Y. POIRMEUR, « Activité politique et organisations syndicales », in
N. DECOOPMAN (dir.), Actualité de la charte d'Amiens, PUF, 1987.
233. Il est défini par Ph. Schmitter comme « un système de représentation des intérêts dans
lequel les groupes constitutifs sont organisés en un nombre limité de catégories
singulières, obligatoires, non concurrentielles, organisées hiérarchiquement et
différenciées fonctionnellement, reconnues et autorisées ( si ce n'est pas créées) par
l'État, qui leur concède délibérément le monopole de la représentation de la
représentation à l'intérieur de leurs catégories respectives », Ph. SCHMITTER, "Still the
Centuary of Corporatism?", Review of Politics, Vol. 36, nº 1, 1979, p. 91-94.
234. Sur la politique agricole : J. T. KEELER, The Politics of Neo-corporatism in France: Farmers,
the State and Agricultural Policymaking in the Fifth Republic, New York, Oxford University
Press, 1986.
235. Pour un exemple : E. N. SULEIMAN, Les notaires, Seuil, 1987.

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