Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 67

Le champ d'émergence économique et institutionnel

du lobbying et comme le démontre G. Lecerf, « utilisent les mêmes
outils que les groupes d'intérêt économiques »264.

C. La différenciation des activités de lobbying
La pratique du lobbying s'est accélérée avec l'alternance de 1981
qui s'est accompagnée d'une spécialisation des activités qui en
relèvent265. En mettant sur l'agenda législatif de nombreuses
réformes touchant bien des intérêts - nationalisations,
décentralisation, etc. - elle a en effet incité les groupes concernés à
se faire d'autant plus actifs que « le changement de majorité privait le
monde industriel et commercial de la relation privilégiée qu'il
entretenait avec les décideurs publics »266. Les entreprises ont ainsi
« fait appel à de vrais spécialistes de l'intermédiation, capables de les
aider à présenter leurs dossiers à ces nouveaux acteurs »267.
Internalisation ou externalisation de la fonction affaires publiques :
les enjeux d'un choix stratégique
« L'auteur du lobbying peut être un cabinet extérieur [...] ou un agent
interne à l'entreprise, unité spécialisée [...] ou non en la matière. Cette
problématique est classique en théorie des organisations : elle oppose
l'internalisation à la sous-traitance des activités de lobbying. Chaque
option présente des avantages et des inconvénients qu'il convient de
peser. Ainsi, la création d'une structure spécifique au sein de
l'entreprise évite les conflits d'intérêts (ou problèmes d'agence [...]) et
permet une meilleure connaissance des intérêts à défendre alliée à la
permanence des ressources. En revanche ce choix implique l'existence
d'une taille et de moyens considérables, des difficultés d'organisation
hiérarchique et un risque d'enclavement. À l'opposé, le recours à un
cabinet de conseil permet l'accès à des lobbyistes d'expérience pour un
risque plus limité mais offre le désavantage d'une défense d'intérêts plus
tiède, voire de conflits d'intérêts et de problèmes de confidentialité
d'informations stratégiques pour l'entreprise ».
M. Rival, « Entreprises privées et décision publique. Acteurs et
organisation stratégique du lobbying dans les grandes entreprises en
France », Politiques et Management Public, 29/3 2012, p. 434.

264. G. LECERF, « Note sur le lobbying citoyen en France », in M. MEKKI (dir.), La force et
l'influence normative des groupes d'intérêt, Lextenso, 2011, p. 95.
265. Selon J. Garrigues, c'est en 1983 qu'aurait été créé le premier cabinet de lobbying,
Communications et Institutions, par T. Lefébure, qui a ensuite présidé l'Association
française des conseils en lobbying, in op. cit., p. 31.
266. C. SIRUGUE, Rapport au nom du groupe de travail sur les lobbies à l'Assemblée nationale,
27 février 2013.
267. C. SIRUGUE, rapport cité.

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