Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 68

Lobbying et stratégies d'influences en France

Alors que certains groupes - entreprises268, syndicats,
organisations professionnelles, transversales ou verticales, etc. - se
dotaient de services ou de départements spécialisés chargés des
relations institutionnelles, de plus en plus souvent assortis
d'antennes bruxelloises pour les prendre en charge et internalisaient
la fonction lobbying, d'autres l'ont externalisée269 en la sous-traitant à
des cabinets de lobbying ou de relations publiques et institutionnelles
dont l'apparition est antérieure à 1977270, qui réalisent des missions
d'influence pour le compte d'une clientèle qui préfère externaliser la
défense de ses intérêts271. Au début des années 1990, J. Garrigues
dénombre « une petite quinzaine de cabinets [...], auxquels viennent
s'ajouter des cabinets d'avocats spécialisés, et une soixantaine de
"conseillers" qui travaillent directement au sein des entreprises »272.
Selon l'enquête réalisée par G. Courty sur cette période : « tous
pôles confondus, le lobbying en France était pratiqué par un peu
moins de 1 200 consultants en 2002 (sur 56 cabinets communiquant
leurs effectifs) et près de 1 300 en 2003 (pour 48 cabinets) »273.
Plus récemment, à l'occasion de « la mue libérale et régulatrice »
de l'État des années 1990, « qui a fait du « public » et de ses
institutions politiques, administratives et judiciaires un terrain
central de la compétition économique », les cabinets d'avocats
d'affaires ont « participé activement à l'émergence d'un nouveau
marché de conseil et de l'influence au croisement du droit public
268. Sur la diversité des structures prenant en charge la « fonction » affaires publiques dans
les entreprises et leur rattachement : M. ATTARÇA, Une introduction au concept de stratégie
politique de l'entreprise. Une étude du lobbying pratique des entreprises en France, Thèse
de doctorat de gestion, EHEC, 1999, p. 168 et s. ; M. RIVAL, V. CHANUT, « Les stratégies
politiques des organisations. De nouvelles perspectives pour la recherche en sciences
de gestion », Revue française de gestion, nº 7, 2015, p. 72-73.
269. Sur les avantages et les inconvénients de ces choix : M. RIVAL, « Entreprises privées et
décision publique. Acteurs et organisation stratégique du lobbying dans les grandes
entreprises en France », Politiques et Management Public, 29/3 2012, p. 434.
270. Selon les données recueillies par G. COURTY : « Les premiers cabinets installés en France
datent d'avant 1977, pour 13 % d'entre eux. La même proportion est créée pendant le
premier septennat de François Mitterrand. Le rythme s'accélère avec les alternances,
du fait des aléas professionnels subis par les membres non-fonctionnaires des
cabinets ministériels : 30 % émergent entre 1987 et 1989 et 44 % depuis 1991 »,
« Radiographie du lobbying en France », Diriger, nº 7, 2004, p. 55 ; pour Th. Lefébure qui
a présidé l'Association française des conseils en lobbying à partir de 1991, c'est en 1983
qu'a été créé le premier cabinet de lobbying, Communications et Institutions, par O. Le
Picard : Th. Lefébure, op. cit., p. 31.
271. E. Grossman recensait 44 grandes entreprises qui avaient un bureau et des équipes à
Bruxelles 2005 et 9 qui avaient recours à un cabinet (Accor, Axa, Casino, Crédit
Lyonnais, Dassault Systems, L'Oréal, LVMH, PPR [Kering], STMicroelectronics) : in
E. GROSSMAN, « Annexe 3 », Problèmes politiques et sociaux, nº 918, 2005, p. 113.
272. Th. LEFÉBURE, op. cit., p. 31 ; J. GARRIGUES, Les patrons et la politique. De Schneider à Seillière,
Perrin, 2002, p. 276.
273. G. COURTY, art. cit, p. 55.

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