Chapitre 3 La subordination institutionnelle 248. Le droit gouvernemental est un droit politique pour quatre raisons : parce qu'il est un droit créé par ceux-là mêmes qui l'appliquent ; parce qu'il repose sur de nombreuses sources non écrites (pratiques, coutumes, conventions de la Constitution) mais également parce qu'il repose en partie sur des rapports de forces et des sanctions politiques. L'ordre intérieur du Gouvernement est grandement dépendant du jeu institutionnel. La Ve République est un régime parlementaire dualiste dans lequel le Gouvernement est à la fois politiquement subordonné au chef de l'État (I) et au Parlement (II). Mieux : le Premier ministre a tendance à organiser l'auto-subordination du Gouvernement pour mieux préserver son autonomie organisationnelle (III). I. La subordination au président de la République 249. Le Premier ministre doit partager une partie de ses prérogatives organisationnelles avec le président de la République. Le chef de l'État a, en effet, tendance à s'immiscer dans l'ordre intérieur du Gouvernement quand bon lui semble (A), de même qu'il peut démettre à tout moment les ministres ou le Gouvernement lui-même (B). A. L'immixtion du président dans l'ordre intérieur du Gouvernement 1. Le quasi-monopole du pouvoir de nomination gouvernemental 250. « Gouverner, c'est nommer » (Paul Bastid) et « nommer, c'est subordonner » (Lucie Sponchiado). a) La nomination du Premier ministre, premier acte fondateur de la subordination 251. L'article 8 de la Constitution dispose que « le président de la République nomme le Premier ministre ». 165