Justice et médias application d'une nouvelle interprétation venue de Strasbourg du principe ne bis in idem et constater l'extinction des poursuites pénales dès lors que les prévenus avaient déjà été jugés et mis hors de cause par l'Autorité des marchés financiers, voici que les avocats de l'ancien ministre invoquent la même mécanique au bénéfice de leur client. D'autres avocats ont plaidé la même chose quelques semaines plutôt au bénéfice d'un autre énorme dossier fiscal, les 500 millions de l'affaire Wildenstein. Le magistrat sait que les arguments des avocats sont sérieux, il a décidé de les suivre dans leur raisonnement et de transmettre la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qu'ils soulèvent. Le problème c'est qu'il a en face de lui une soixantaine de journalistes susceptibles de dégainer le légendaire « selon que vous serez puissant ou misérable ». Que vont-ils écrire quand ils apprendront qu'un obscur argument de procédure permet à l'ancien ministre de gagner du temps, voire d'échapper à son procès ? Si le tribunal transmet la QPC, le Conseil constitutionnel peut conclure à l'inconstitutionnalité des doubles poursuites en matière fiscale. Et le procès s'arrête net. Comme le droit ne peut s'incliner devant les enjeux politiques des conséquences de son application et que le tribunal est convaincu de la pertinence des arguments des avocats, il doit transmettre cette QPC. C'est ce qu'on appelle l'État de droit. Et tant pis si les médias et l'opinion publique entrent en fureur contre la justice. Il n'y a pas de raison d'accorder un traitement particulier à Jérôme Cahuzac. Ni en sa faveur, ni en 264