Justice et médias nous assistons n'est ni plus ni moins que la contestation de la délégation de la vengeance privée à la puissance publique. Subrepticement s'installe dans les mœurs une relégitimation décomplexée de la vengeance privée. En voici une illustration, observée en 2018 sur Twitter. Un jeune homme met en ligne sur le réseau social une vidéo dans laquelle on voit un adolescent se faire attaquer par un autre dans une rue en plein jour. La scène est claire, filmée de près, les deux adolescents aisément reconnaissables. L'auteur du tweet invite les internautes à largement diffuser sa vidéo dont il explique qu'elle illustre le problème du racket à la sortie des lycées. C'est alors que la police intervient sur le réseau et informe l'auteur qu'elle prend en charge le dossier. Elle lui demande en conséquence de supprimer la vidéo. L'intéressé renâcle, demande si c'est obligatoire, tergiverse. Il faut dire que la publication de ce tweet est un succès comme en témoigne le compteur de diffusion. Sans doute se retrouve-t-il piégé par la montée soudaine de son audience et la séduction de la célébrité. Il finit par le retirer mais non sans avoir lancé auparavant une pétition sur le site change.org pour relayer son action. Cet épisode contient en germe tous les dangers de cette tentation de justice privée qui émerge sur Internet. L'impunité de la foule anonyme En l'espèce, l'auteur du tweet est-il aussi celui de la vidéo ? Si oui, pourquoi avoir filmé au lieu de porter secours ou appeler la police ? Quant à 280http://www.change.org