Le drôle de nouveau monde. Internet et les réseaux sociaux bruit maximum autour d'une information. Pour obtenir cet effet très recherché, il faut donner dans le sensationnalisme, le spectaculaire. Autrement dit, tous les travers reprochés de tous temps à la presse sont ici encouragés. Car celui qui veut attirer cette denrée si précieuse et si rare qu'est devenue l'attention dans un monde où elle est sollicitée en permanence doit évidemment employer des moyens assez éloignés de la mesure, de la réflexion et de la finesse d'analyse. La dictature de l'émotion Dans La psychologie des foules, Gustave Le Bon note que la foule pense par images, « et l'image évoquée en évoque elle-même une série d'autres sans aucun lien avec la première ». L'image appelle bien entendu l'émotion en même temps qu'elle donne congé à la raison. C'est ce qui explique selon lui la suggestibilité et la crédulité des foules. Elles errent aux limites de l'inconscient. Un siècle plus tard le philosophe Han dénonce la contrainte d'exposition permanente induite par la tyrannie de la transparence : « ce qui est problématique ce n'est pas l'augmentation du nombre d'images en soi mais l'obsession iconique de devenir image. Tout doit devenir visible. L'impératif de transparence rend suspect tout ce qui ne se soumet pas à la visibilité ». Ainsi les foules sur Internet et en particulier sur les réseaux sociaux sont-elles abreuvées d'images qui viennent nourrir une forme de pensée irrationnelle aux frontières de l'inconscient. D'ailleurs, sur les réseaux sociaux, tout encourage aux images et à 67