Chapitre 4 Kerviel, la vérité judiciaire à l'épreuve des fantasmes médiatiques « Toujours préférer l'hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. » Michel ROCARD Les chroniqueurs judiciaires qui ont suivi de bout en bout l'affaire Kerviel savent que ce fut l'un des plus grands naufrages médiatiques français. Si elle n'apparaît pas forcément comme telle aux noninitiés, c'est que sa nature financière et très technique a permis au principal intéressé de bâtir sa légende d'employé bouc émissaire d'une banque machiavélique sur le terreau fertile d'une opinion publique hostile à la finance en général et aux banques en particulier. L'affaire, qui a débuté le 24 janvier 2008, est en passe de se terminer sur le terrain judiciaire. Médiatiquement, elle est quasiment morte. Il serait trop long ici de retracer dix ans d'agitation, surtout que certaines années, pas une semaine ne se passait sans que Jérôme Kerviel ne crée l'événement. Quelques éléments particulièrement significatifs des effets de la relation entre 79