Systèmes - La globalisation, le droit et l'État - 3e - 131

Le point de vue des acteurs et de la gouvernance

En réalité, dans ce qui découle de la globalisation, au-delà de ce qui
pousse à l'arasement des territoires et des particularismes locaux, on
découvre plutôt un dialogue, une dialectique du global et du local. Ce dialogue, cette dialectique, qu'il est déjà usuel de désigner sous l'appellation de
« glocalisation »61, tiennent surtout aux réalités suivantes.
L'économie globale n'est pas indifférente aux ancrages territoriaux. Ses
effets de standardisation sont plus limités qu'on le croit. Elle utilise souvent
les particularismes locaux, s'appuie sur eux : dans les Mac Donald's d'Inde,
signale Jan Aart Scholte, l'habituel « beef burger » est remplacé par un
« Maharadjah Mac » à base de mouton62.
En outre, la globalisation a permis l'apparition d'entités locales qui, largement par-delà l'État dont elles relèvent, accèdent directement à un statut
global, développent directement des relations et des activités situées au
niveau international. Cela concerne tout spécialement ce que, en particulier
depuis les travaux emblématiques de Saskia Sassen, il est possible de
caractériser comme les « villes globales » - « global cities ».
ENCART Nº 7
L'émergence des gouvernements locaux
et des villes dans la globalisation juridique
Traditionnellement, les gouvernements locaux - les collectivités territoriales
infraétatiques - et les villes (sauf celles que les accidents de l'histoire ont conduit
à doter d'un statut international comme Dantzig, Jérusalem...), n'ont pas d'existence juridique internationale : leurs rapports à la sphère juridique internationale
sont médiatisés par l'État.
Il en va autrement aujourd'hui, et on constate une émergence juridique internationale croissante des gouvernements locaux et des villes, qui se traduit notamment
dans les phénomènes suivants.
1º. Il est de plus en plus fréquent que les collectivités infraétatiques aient, dans
une plus ou moins grande mesure, la possibilité de nouer directement des relations juridiques internationales : indépendamment du cas, dont il existe des exemples classiques, d'États fédérés autorisés à nouer des rapports juridiques internationaux (mais on parle ici d'entités qui ont la nature d'États).
Dans l'orbite européenne, notamment, cette possibilité est largement admise
dans le cadre des mécanismes de la coopération décentralisée, que l'on a évoquée
par ailleurs : supra nº 44.
2º. Il est également de plus en plus fréquent que des mécanismes juridiques internationaux viennent encourager, voire imposer, un certain niveau de décentralisation, d'autonomie locale, dans les systèmes nationaux.
L'ONU a eu et a toujours une politique de cet ordre au sein de son Programme
Habitat, qui a notamment été à l'origine d'un projet de Charte Universelle de l'Autonomie Locale, adopté en 1998.

61. Ulrich BECK, What is globalization?, précité, p. 42 et s. - Jan AART SCHOLTE, Globalization. A
critical introduction, London, Mac Millan et New York, St. Martin Press Inc., 2000, p. 59 et s.
62. V. note précédente.

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