Grands Colloques - Le fichier - 63

INTerPoL eT SeS FIChIerS

exemple, au niveau de certaines notices rouges sensibles émises par
l'organisation, les aspects criminels et politiques sont étroitement mêlés
lorsqu'ils mettent en cause des dirigeants, ou anciens dirigeants politiques,
administratifs, ou économiques par un autre État ou le nouveau pouvoir,
ou des personnes proches des réseaux de pouvoir, liées à la corruption et
au financement de l'action politique. Présenter un opposant politique en
criminel ou en terroriste reste possible. Sur tous les continents, certains
États se distinguent en la matière...
Cela n'est pas nouveau ; l'histoire a son poids et oblige à tirer des leçons.
Le passé d'Interpol est fortement marqué par certains événements. Dès
1938, les nazis ont pris la direction de la Commission internationale de
police criminelle (CIPC), créé en 1923 et ancêtre direct d'Interpol ; en
1942, la CIPC est totalement contrôlée par le régime hitlérien intéressé par
un usage politique des fichiers dont une grande partie va brûler lors de la
prise de la ville de Berlin, devenue le siège de la commission. en 1946, la
Belgique, avec l'aide de la France, va bâtir sur les ruines de la CIPC l'organisation internationale de police criminelle - Interpol. L'organisation sera
ensuite marquée par la guerre froide avec de multiples épisodes. L'UrSS,
voyant dans Interpol une structure occidentale pro-américaine, va adhérer
à Interpol juste avant de disparaître en 1989 ; la Fédération de russie
adhérant dès 1990...
C'est pourquoi l'article 3 du statut modifié d'Interpol de 1956 pose
en principe que « toute activité ou intervention dans les questions ou
affaires présentant un caractère politique, militaire, religieux ou racial est
rigoureusement interdite à l'organisation ». Il revient par conséquent aux
institutions d'Interpol, spécialement au secrétaire général et à la CCF,
d'empêcher tout au long des étapes de leur traitement que des informations, des notices, des diffusions figurent dans les fichiers d'Interpol, en
contradiction avec l'article 3. Ceci peut être une source de tensions ou
de conflits avec certains États membres. Par exemple, pour rester dans
l'actualité, la qualification en acte ou organisation criminels d'un acte ou
d'une organisation qualifiés de terroriste dépend d'un contexte politique,
juridique, idéologique, déterminant mais très variable dans l'analyse effectuée par des États opposés sur la scène internationale. on peut ajouter
la considération des liens profonds et réels qui peuvent exister entre le
terrorisme et la criminalité de droit commun.
Inévitablement, les tensions et les conflits de nature politique apparaissant
autour de certaines personnes et de certaines informations vont entraîner
des pressions sur les organes d'Interpol, spécialement le secrétariat général,
de certains États membres. en cas de conflit ouvert, le comité exécutif ou
l'assemblée générale auront à arbitrer. Si le secrétariat général, dans un
souci d'apaisement, laissera les États concernés expliquer leurs griefs et

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