Grands Colloques - L'université et ses responsabilités - 174

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L'UNIVERSITÉ ET SES RESPONSABILITÉS

points qui, là aussi, a été très largement souligné tout au long de ces deux
jours - ces évolutions se sont produites en marge des anciens textes, sans
que ceux-ci bougent - on n'a par exemple pas abrogé les arrêtés Bayrou - et
sans qu'on éprouve le besoin d'en tirer les conséquences au niveau textuel.
En tout cas, ces arrêtés Bayrou, qui avaient réglementé les diplômes de
1er cycle en 1998, ont signé le chant du cygne de la conception antérieure
et, depuis 2002, on a changé de logique sans abroger les textes existants,
ce qui, pour un juriste, parait quand même quelque chose d'assez acrobatique. Le développement des conceptions nouvelles a été très largement
confirmé par l'attitude de l'autorité de tutelle, moins fondée, en tout cas
dans les principes, sur la réglementation a priori et l'application brutale des
procédés de contrôle. Dans le même temps, comme l'a bien souligné Paul
Nihoul, le développement de l'idée de concurrence a eu des effets déterminants sur le paysage universitaire. En France, cela a changé les relations
traditionnelles entre les universités et les grandes écoles en accroissant
encore la concurrence entre les deux, non plus simplement en termes de
partage du marché du public étudiant mais désormais aussi de partage de
la diplomation universitaire. On a remis d'une certaine manière en cause le
principe traditionnel du monopole de la collation des grades. Désormais,
des établissements privés peuvent délivrer le grade de master, ce qui est
nouveau. Tout cela traduit une forme d'effritement des positions traditionnelles des universités qui, d'ailleurs, va se prolonger dans d'autres
domaines comme la recherche. Les grandes écoles, qui étaient étrangères
aux préoccupations de recherches, vont se mettre à les développer de plus
en plus fortement et, par conséquent, à se situer sur le même terrain que
l'université. Donc là, c'est une évolution. Cela a été pour moi une surprise
de voir que, dans l'analyse qui pouvait être faite internationalement de la
situation française, cette évolution soit aussi mal perçue.
Je n'interviendrai pas sur la question des ressources si ce n'est pour
relever qu'avec les nouveaux modes de dotation des universités, on cherche
à privilégier l'idée de performance. On a pu souligner la baisse de l'effort
de l'État à l'égard des universités, et la volonté de ce dernier de les voir
rechercher de nouvelles sources de financement, mais on voit bien que sur
ce point le modèle traditionnel français résiste de manière plus forte que
ce que l'on constate dans certains pays étrangers. En particulier, un des
aspects les plus criants reste l'impossibilité de poser d'une manière objective
et dépassionnée la question de la participation des familles et des étudiants
au financement de l'université. L'enseignement supérieur reste quasiment
gratuit dans les universités et on sait l'inégalité et les distorsions de concurrence que cela peut représenter par rapport à d'autres éléments du système
d'enseignement supérieur. Mais c'est surtout sur la question des effectifs
que l'évolution a été quasi inexistante. On en est toujours à la description
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