Grands Colloques - L'université et ses responsabilités - 29

CONCURRENCE, MARCHÉ INTÉRIEUR

La reconnaissance des diplômes leur permet ensuite de s'installer sur le
territoire français8.
Tout cela accroît la concurrence entre les établissements qui, s'ils
veulent s'assurer les ressources nécessaires à leur survie, leur maintien et
leur développement, doivent retenir leurs étudiants, et en attirer d'autres,
comme des entreprises font avec leurs clients et ceux des firmes rivales9.
Voilà donc trois développements stimulant la concurrence que connaissent
les universités dans les pays européens. Notons que ces établissements ne
sont pas en reste. Les universités prennent pied, progressivement, elles
aussi, sur des marchés qui pour elles sont nouveaux - et qui étaient occupés
par d'autres entités avec lesquelles elles entrent donc en concurrence. Ces
activités, ou marchés, concernent des activités ayant un caractère accessoire
par rapport à l'enseignement universitaire à proprement parler. Ce sont
par exemple les cours préparant les futurs étudiants à entamer leurs études
à l'université. Ce sont aussi les programmes suivant les études universitaires
et visant à préparer les diplômés à certains concours - par exemple les
cours préparatoires aux concours conditionnant l'accès à l'École du barreau
(Paris) ou aux institutions européennes (Paris, Bruxelles, etc.). L'objectif
poursuivi par ces universités, en entrant dans ces marchés qui sont pour
elles nouveaux, est d'obtenir une partie des ressources - apparemment
abondantes - que les futurs étudiants ou les récents diplômés sont prêts à
consacrer à ces programmes.
Concurrence intense et généralisée
Ainsi, la concurrence est donc partout dans le milieu universitaire. Entre
les établissements, on a peine à distinguer cette concurrence de celle qui
oppose les entreprises. Utilisant les termes du droit de la concurrence, on
peut écrire que les universités subissent la pression de concurrents qui
étaient autrefois potentiels seulement mais sont devenus actuels dès lors
que ces derniers sont entrés sur des marchés où elles étaient actives - ou
inversement. La concurrence est horizontale, en provenance des établissements non universitaires nationaux, des établissements étrangers et
des établissements étrangers exerçant en France leurs activités. Elle est
verticale, sur les marchés accessoires où les universités tentent de prendre

8. V. not. « Un nouveau dentiste sur trois est formé à l'étranger », Le Monde, 1er avr. 2015.
« Santé : l'Europe fait exploser le numerus clausus », Le Monde, 10, sept. 2014.
9. Si j'obtiens un diplôme de droit en France, je peux le faire reconnaître en Belgique et
pratiquer le droit en Belgique - avec un certain nombre de conditions - et il est donc possible
pour des établissements universitaires français de former des juristes qui pratiqueront le
droit en Belgique, en concurrence avec les juristes belges formés par des universités belges.

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