Grands Colloques - L'université et ses responsabilités - 90

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L'UNIVERSITÉ ET SES RESPONSABILITÉS

Oséo, un organisme financier, sous la tutelle du ministère des Finances.
Donc, quand la recherche devient sérieuse, elle l'est trop pour rester entre
les mains des universitaires. C'est un peu la leçon que j'en retire.
Jean-Claude Thoenig
Je crois qu'il serait premièrement intéressant que vous regardiez dans
d'autres pays comment, en ce qui concerne la recherche juridique, les
choses se passent. Je passe par exemple aux law schools et aux law schools
de pointe (Standford, etc.). Je vous conseille d'y aller.
Deuxièmement, en dehors de la recherche juridique, et en dehors de
ce que l'on pourrait appeler les humanités et une large partie des sciences
sociales, non comprise l'économie - je raisonne en statistiques -, nous
savons, par expérience, que la collaboration entre la recherche faite dans
les universités et le secteur marchand ne profite guère financièrement à
l'université dans la mesure où le financement a lieu souvent en aval de la
recherche et non en amont.
Il est plus utile en effet pour une université de bénéficier d'accords avec
de grandes entreprises qui payent des équipements complets, des bâtiments
complets, des programmes pluriannuels. Par exemple, pour une université
américaine en pointe dans le monde - ce sont des chiffres confidentiels mais
je vous les donne -, pour un dollar que cette université gagne en termes
de patente, elle gagne à peu près cent fois plus en financement amont.
Donc, le modèle gagnant pour l'université est celui où le financement de
la recherche est effectué en amont. Cela ne veut pas dire non plus que ces
universités soient mains et poings liés aux entreprises ; elles ont leur liberté.
J'en ai été témoin.
Troisièmement, je pense que cela serait intéressant, si vous ne le
connaissez pas, d'entrer en contact avec un de nos spécialistes en France,
Philippe Larédo, professeur à l'UPEM de Marne-la-Vallée.
Enfin, il est intéressant de lire un petit article de la revue Minerva -
revue de référence en ce domaine - qui fait une comparaison historique
entre Standford, qui a réussi cette sorte d'osmose avec le secteur industriel
alentour alors que Berkeley ne l'a pas réussi. Or, une large partie de la
variance s'explique par le travail du chancelor ou du doyen ou du président
de l'université. À Berkeley, université publique, l'enjeu clef, dans l'emploi
du temps de ce dernier, était la négociation avec la tutelle à Sacramento.
À Standford, université privée, c'était de réussir à avoir du temps pour
discuter avec des entreprises, conduisant ensuite à la Sillicon Valley. C'est
très intéressant. Nous sommes donc toujours en train de réfléchir à des
dispositifs, des institutions intermédiaires, ou autres ; on ferait mieux de
voir comment, dans sa gouvernance interne, une université peut développer
des capacités à avoir des contacts avec les entreprises et le secteur marchand.
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