Contextes - Le formalisme - 49

LA DICTÉE DU TESTAMENT AUTHENTIQUE

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rédigée en 1510 et réformée en 1580, exigeait que le testateur, en présence
de témoins, dictât ses dernières volontés au notaire ou au curé et que le
rédacteur en donnât ensuite lecture au disposant109. Les commissaires du roi
Louis XII ont consigné dans le procès-verbal de rédaction de la coutume
les raisons d'un tel formalisme. L'ambition des rédacteurs était de lutter
contre les fraudes trop nombreuses qu'avaient très largement favorisées
les formes simplifiées du testament coutumier, « non seulement en la ville,
prévôté et vicomté de Paris, mais en plusieurs lieux de ce Royaume ». L'un
des commissaires n'était autre que Thibault Baillet, président du parlement de Paris. En prise avec les réalités de la pratique, celui-ci devait avoir
connaissance des fraudes qui se présentaient devant la juridiction suprême
du Royaume. À en croire les commissaires du roi, il s'agissait alors d'éviter
que les disposants, « si prochains de la mort et fort pressez de grandes maladies », ne rédigeassent un testament relevant de « la volonté du chapelain
ou curé, ou autre suggérant »110. Cette double formalité de la dictée et de la
lecture devait alors prémunir le testateur contre les captations des proches
ou contre les suggestions du rédacteur, notaire ou curé.
Le formalisme du testament solennel, d'abord introduit dans la coutume
de Paris sous l'impulsion des commissaires du roi, était ensuite repris dans
la plupart des coutumes rédigées et réformées sous l'autorité royale, tout
au long du xvie siècle. Il en va ainsi des coutumes du Berry (1539)111, de
109. Coutume de Paris, art. 96 : « Avant qu'un testament soit reputé solennel, il est requis
qu'il soit escrit et signé de la main et sein manuel du testateur, ou signé de sa main, et a luy
leu, et pay luy entendu en la presence de trois tesmoings, ou qu'il soit passé par devant
deux notaires, ou pardevant le curé de sa paroisse, ou son vicaire general et un notaire ;
ou dudit curé ou vicaire et deux tesmoings ; ou d'un notaire et deux tesmoings ; ou de
quatre tesmoings, iceux tesmoings ydoines, suffisans et non legataires dudit testateur, fors
et excepté entant que tout les legats pitoyables, obseques et funerailles d'iceluy testateur,
esquels toutesfois et pour le moins, sera gardée la solennité du droit canon » (Bourdot
de Richebourg C.-A., Nouveau coutumier général, t. III, 1724, Paris, p. 7-8) ; Nouvelle
coutume de Paris, art. 289 : « Pour reputer un testament solennel, est requis qu'il soit escrit
et signé du testateur, ou qu'il soit passé pardevant deux notaires, ou pardevant le curé de la
paroisse du testateur, ou son vicaire general et un notaire, ou dudit curé ou vicaire et trois
tesmoings, ou d'un notaire et deux témoins (...). Et depuis a luy releu en la presence d'iceux
notaires, curé ou vicaire general et tesmoings. Et qu'il soit fait mention audit testament qu'il
a esté ainsi dicté, nommé et relue (...) » (Les coustumes générales et particulières de France
et de Gaule, t. I, 1635, Paris, p. 39).
110. Bourdot de Richebourg C.-A., Nouveau coutumier général, t. III, op. cit., p. 22.
111. Coutume de Berry, tit. XVIII, art. 11 : « Et où le testament ne pourroit, ou ne voudroit
garder la forme prescrite, pourra faire appeller un notaire ou tabellion de cour laye, et trois
tesmoings de la qualité dessus déclaré en la presence desquels il déclarera sa volonté, tant
quant à l'institution d'héritier, que tous legs qu'il voudra faire, ce que ledit notaire redigera par escrit. Et après, sans divertir à autres actes, le rapportera audit testateur, et en la
présence desdits trois tesmoings lira au testateur clairement et intelligiblement le contenu en
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