L'identité française et la loi L'ouverture de la « guerre aux idiomes » par la loi du 2 thermidor an II (20 juillet 1794) Ce que Barère dit ici dans le Rapport du Comité de salut public sur les idiomes devant la Convention le 27 janvier 1794 est en substance ce que dira autrement l'abbé Grégoire dans son célèbre Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir le patois, et d'universaliser l'usage de la langue française présenté à la Convention nationale le 4 juin 1794. « L'utilité d'anéantir les patois » est promue par l'abbé Grégoire à plusieurs titres politiques. Il s'agit d'abord du principe même de la République « une et indivisible » et de son corollaire la « communauté des citoyens » (Grégoire parle de « fondre tous les citoyens dans la masse nationale »). Il s'agit également d'asseoir l'autorité du pouvoir et des institutions publiques, de « simplifier le mécanisme & faciliter le jeu de la machine politique ». La Convention voit encore dans les patois un obstacle à la mise en œuvre de l'égal accès des citoyens aux emplois publics. Et puis la Convention voit dans la disparition des patois un préalable à l'uniformisation de « l'idiome technique » des connaissances artistiques et scientifiques qu'elle ambitionne de « révolutionner ». En conséquence, la loi du 2 thermidor an II (20 juillet 1794) décide que « nul acte public ne pourra, dans quelque partie que ce soit du territoire de la République, être écrit qu'en langue française » (art. 1er). Le texte prévoit encore qu'un mois après sa publication, « aucun acte, même sous seing privé », ne pourrait plus être enregistré « s'il n'est écrit en 104