La loi et le civisme « L'humanité » des uns envers les autres est quant à elle une vertu civique favorable à l'« harmonie de la République », parce qu'elle « inspirera aux citoyens favorisés de la fortune une sympathie active pour ceux qu'elle a déshérités, apaisera les haines qui transforment en ennemis des concitoyens de conditions diverses faits pour s'aimer et s'entraider, et concourra à dissiper un antagonisme qui trouble la société et menace l'existence même de la République »9. Telle que définie par Jules Barni, la moralité républicaine comprend encore le « respect de la loi ». Celui-ci trouve sa justification dans les principes consacrés par la Déclaration de 1789, autrement dit par la circonstance que la loi est l'émanation de la volonté générale « exprimée par le suffrage universel ». Le philosophe républicain s'éloigne en revanche de la Déclaration de 1789 à un point de vue. Autant il convient de la légitimité de critiquer et de réformer la loi, autant la désobéissance et le recours à la force sont « exclus » et constituent « un crime » dans un régime républicain. Le dernier principe de la morale républicaine de Jules Barni est le « dévouement à la chose publique ». Cette valeur est anti-utilitariste chez le philosophe républicain, qui soutient que c'est « une grande erreur des partisans du régime républicain de présenter le principe de l'intérêt personnel comme la base de la morale ». Au contraire, « il faut que les citoyens s'accoutument à subordonner et à sacrifier 9. Ibid., p. 105. 345